L’hydrolien à l’arrêt : une filière en péril

Le gouvernement français freine le développement de l’hydrolien, suscitant frustration parmi les acteurs du secteur.

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L’hydrolien à l’arrêt : une filière en péril | L'EnerGeek

L’hydrolien, cette énergie renouvelable tirée des courants marins, se trouve aujourd’hui à un carrefour critique en France. Récemment, un amendement gouvernemental a repoussé les objectifs de développement de cette technologie, semant la consternation parmi les principaux acteurs du secteur. Initialement portée par des ambitions élevées, la filière de l’hydrolien fait face à un avenir incertain, alors même que le gouvernement semblait auparavant engagé dans la bataille pour son expansion.

Un revers pour l’hydrolien

Récemment, le Sénat a fait un pas en arrière concernant l’hydrolien. Un amendement gouvernemental a annulé l’établissement d’objectifs précis, notamment un objectif d’un gigawatt (GW) de puissance installée d’ici 2035. Ce choix a été mal accueilli par les acteurs du secteur. Lors des Assises de l’économie de la mer, le président Emmanuel Macron avait pourtant affirmé l’importance de relancer la bataille de l’hydrolien.

Guillaume Gréau, directeur chez Hydroquest, défend l’ambition de réaliser ce projet. Il insiste sur la nécessité d’un appel d’offres de 250 MW d’ici 2025-2026 pour concrétiser ces ambitions. « Ce sont des chiffres ambitieux, mais réalistes », a-t-il déclaré dans des propos partagés par le site Actu.fr. Il ajoute que cette initiative est clé pour l’avenir de la filière et la décarbonation du mix énergétique français.

La position du gouvernement : une stratégie floue

Le projet de loi adopté en première lecture au Sénat privilégie une exploration du potentiel hydrolien, plutôt qu’un engagement ferme vers des objectifs chiffrés. Katia Gautier, directrice du projet NH1 de Normandie Hydroliennes, exprime sa déception. Elle affirme que l’absence de directives claires rend les projets plus difficiles à réaliser. « On marche à l’envers et c’est frustrant », a-t-elle déclaré.

Katia Gautier rappelle que l’Europe encourage activement le développement de l’hydrolien, tandis que la France semble ralentir ce mouvement. Son projet, validé par des études indépendantes, a déjà rempli toutes les exigences administratives. Elle se demande alors pourquoi le gouvernement ne soutient pas davantage cette technologie éprouvée.

Des perspectives sombres pour l’avenir

Les coupes budgétaires annoncées pour le projet de loi de finances 2025 laissent planer un doute sur l’avenir de l’hydrolien. Katia Gautier s’interroge s’il existe un lien entre ces économies et le sort de notre filière. Elle souligne que les montants demandés pour l’hydrolien sont dérisoires comparés aux financements accordés à l’éolien en mer.

Pour illustrer son propos, elle cite le financement de 65 millions d’euros reçu par le projet Flowatt, similaire au sien, en 2023. Cette disparité de traitement renforce le sentiment d’injustice au sein de la filière hydrolienne. Pour Katia Gautier, l’objectif est de créer une véritable industrie pour peser davantage.

Une lueur d’espoir ?

Malgré les préoccupations, une nouvelle encourageante a émergé. La reprise de l’hydrolienne de Sabella, en liquidation judiciaire depuis janvier, par Inyanga Marine Energy, offre une perspective prometteuse. Ce rachat indique un intérêt pour les futurs appels d’offres en matière d’hydrolien.

Cependant, les acteurs de la filière restent inquiets. Si l’objectif de 1 GW est revu à la baisse, il sera nécessaire de réévaluer leurs ambitions. Le défi reste de taille, mais la détermination des professionnels pourrait bien transformer cette période de doutes en une opportunité de renouveau.

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