L’Union Européenne (UE) a réalisé un exploit notable en remplissant ses réserves de gaz naturel à 90%, bien avant la date limite du 1er novembre. Ce stock, qui représente environ 92 milliards de mètres cubes, place l’UE en position de force pour affronter les mois d’hiver, alors même que le contexte énergétique mondial reste incertain.
Depuis le début du conflit en Ukraine, en février 2022, la dépendance de l’Europe au gaz russe a été remise en question. La réduction drastique des livraisons en provenance de Russie a obligé l’UE à diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique. En juin 2022, les pays membres ont adopté une législation imposant un taux de remplissage des stocks de gaz de 90% chaque année avant le 1er novembre, afin de limiter leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et d’assurer une plus grande résilience face aux crises.
Pour compenser la baisse des approvisionnements russes, l’Europe s’est tournée vers le gaz naturel liquéfié (GNL), principalement importé des États-Unis, ainsi que vers une augmentation des flux de gaz en provenance de Norvège. Cette stratégie a permis à l’UE de renforcer sa sécurité énergétique tout en diversifiant ses sources d’énergie.
L’atteinte de cet objectif de 90% de remplissage des réserves constitue un succès majeur pour l’UE. La Commission européenne souligne l’importance de ces stocks, qui pourraient couvrir jusqu’à un tiers de la demande de gaz pendant l’hiver. Kadri Simson, Commissaire européenne à l’Énergie, a déclaré que ce niveau de préparation montre que « l’UE est prête pour l’hiver à venir », tout en assurant que la Commission continuera de surveiller attentivement les niveaux de gaz stockés pour garantir leur suffisance tout au long de la saison hivernale.
Cependant, malgré cette situation favorable, la guerre en Ukraine continue d’avoir des répercussions. Les infrastructures énergétiques ukrainiennes, souvent ciblées par les forces russes, sont particulièrement vulnérables. Kadri Simson a rappelé la nécessité de poursuivre le soutien de l’Europe à l’Ukraine, afin d’aider le pays à traverser cet hiver difficile.
Bien que les réserves de gaz soient actuellement suffisantes pour répondre aux besoins hivernaux, la question des prix reste préoccupante. Après avoir atteint des sommets en 2022, les prix du gaz avaient commencé à baisser en 2024, avant de connaître une nouvelle hausse en raison des tensions géopolitiques, notamment liées aux opérations militaires en Ukraine. Sur le marché européen, le TTF néerlandais a vu ses cours dépasser les 40 euros par mégawattheure (MWh), un niveau qui n’avait pas été observé depuis plus de huit mois.
Cette hausse des prix pourrait rapidement se traduire par une augmentation des factures pour les consommateurs européens, en particulier ceux qui ne bénéficient plus de tarifs réglementés. Cette situation souligne l’urgence pour l’UE de continuer à investir dans l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables.