L’épargne salariale, jusqu’ici perçue comme un outil de placement à moyen terme, s’affirme désormais comme un levier financier au service de la transition énergétique. Depuis l’adoption du décret du 6 juillet 2024, les salariés peuvent débloquer leur épargne accumulée dans un Plan d’Épargne Entreprise (PEE) pour financer des travaux de rénovation énergétique dans leur résidence principale. Cette mesure, qui s’inscrit dans le cadre de la loi sur le partage de la valeur, représente une avancée importante pour les ménages souhaitant améliorer la performance énergétique de leur logement.
Traditionnellement, l’épargne salariale était bloquée pendant une période de cinq ans, sauf dans des cas exceptionnels tels que l’achat d’une résidence principale ou des événements familiaux comme le mariage ou la naissance d’un enfant. Avec le nouveau décret, trois nouveaux motifs de déblocage anticipé ont été introduits : la rénovation énergétique de la résidence principale, l’achat d’un véhicule propre, et l’aide aux proches aidants.
Ce dispositif répond aux objectifs gouvernementaux de réduction de la consommation énergétique et des émissions de CO2. Les travaux de rénovation couverts par cette mesure incluent notamment l’isolation thermique des toitures, des murs, des parois vitrées, ainsi que l’installation de systèmes de chauffage utilisant des énergies renouvelables.
Pour bénéficier de ce déblocage anticipé, les salariés doivent respecter plusieurs conditions. D’abord, la demande de déblocage doit être effectuée dans les six mois suivant le début des travaux ou l’engagement des dépenses. De plus, seuls les travaux réalisés par des professionnels certifiés RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) sont éligibles, garantissant ainsi leur qualité et leur conformité aux normes en vigueur.
Les coûts pris en charge ne se limitent pas à l’achat et à l’installation des équipements. Ils incluent également la dépose des anciennes installations, les frais d’études techniques, ainsi que les coûts des assurances nécessaires à la réalisation des travaux. Comme l’indique Audrey Zermati, directrice stratégie chez Effy, « mobiliser l’épargne salariale pour financer la rénovation énergétique est une excellente nouvelle, tant pour la transition énergétique que pour le budget des consommateurs ».
Face aux coûts parfois élevés des travaux de rénovation énergétique, cette nouvelle possibilité de déblocage de l’épargne salariale arrive à point nommé. Selon l’Observatoire national de la rénovation énergétique, le reste à charge moyen pour de tels travaux s’élève à 6 085 €. L’épargne salariale, qui totalisait fin 2023 un encours de 188 milliards d’euros répartis entre 12,5 millions de salariés, devient ainsi une ressource précieuse pour financer ces projets ambitieux.
Toutefois, certains experts restent prudents quant à l’impact réel de cette mesure. François Dillemann, directeur commercial Épargne chez Malakoff Humanis, souligne que « les précédents cas de déblocages anticipés visant à stimuler la consommation n’ont pas toujours rencontré le succès escompté ». Il faudra donc observer si cette nouvelle mesure parviendra à convaincre les ménages de se lancer dans des projets de rénovation énergétique à grande échelle.