Depuis quelques semaines, la Côte d’Ivoire fait face à des rationnements électriques, ou délestages, dus aux faibles pluviométries. Une situation que le pays compte bien surmonter pour sécuriser sa production et sa consommation d’électricité dans les prochains mois.
La grogne monte depuis quelques semaines en Côte d’Ivoire, où les caprices du climat forcent la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) à pratiquer des « délestages ». En raison du faible niveau des pluies couplé aux effets du changement climatique, les barrages hydroélectriques, responsables des deux tiers (67 %) de la production électrique nationale – les 33 % restants étant assurés par le thermique -, voient leur débit ralentir. Et, en conséquence, la production électrique baisser, alors que la Côte d’Ivoire, en pleine croissance économique depuis 10 ans, produisait en 2019 plus de 2 229 mégawatts (MW) d’électricité, et exportait 11 % de sa production vers six pays voisins en 2020.
Rapidement, la Confédération des grandes entreprises de Côte d’Ivoire, craignant pour l’attractivité de ces dernières et, plus globalement, l’activité du pays, a tenu à dénoncer « une crise énergétique » dans une lettre adressée au Premier ministre ivoirien, Patrick Achi. Jean-Baptiste Koffi, le président de la Confédération des consommateurs de Côte d’Ivoire, y est également allé de son petit mot, soulignant les « perturbations brusques et inattendues [qui] bouleversent » la vie des consommateurs. Quant au patron des patrons ivoiriens, Jean-Marie Ackah, il a voulu alerter sur un hypothétique « déficit de 200 MW » sur la période d’avril à juillet 2021, en raison des « coupures d’électricité » répétées.
En plus des insuffisances liées aux aléas climatiques, qui pourraient effectivement entraîner une baisse de la production électrique de l’ordre de 100 à 200 MW, la CIE a dû faire face, début mai, à la panne de la turbine à vapeur de la centrale thermique d’Azito (140 MW), à Yopougon, et à l’avarie du transformateur de tension et du sectionneur au poste source de Vridi (Abidjan), rendant indisponible la turbine à gaz numéro 7 de la Compagnie ivoirienne de production d’électricité (CIPREL) (30 MW). Le déficit de production électrique, outre les causes climatiques et techniques, étant dû, enfin, aux retards dans la réalisation du programme de renforcement des moyens de production en raison de la Covid-19.
Sur les réseaux sociaux, certains internautes ivoiriens ont donné de la voix pour dénoncer les « délestages » induits par cette baisse de la production électrique, délestages qui ont touché des particuliers du 10 au 17 mai. Programme de rationnement obligatoire, cependant, pour pallier l’indisponibilité des deux unités de production thermique. Le redémarrage, lundi 17 mai, des deux unités thermiques devrait permettre aux clients domestiques de retrouver une consommation électrique normale, sans rationnement, avance la CIE.
Réponse en plusieurs temps
Dans les prochaines semaines, Abidjan devrait chercher, non seulement, à inciter les Ivoiriens à l’autoproduction d’électricité verte, en particulier les industriels, mais également à s’entendre avec les six pays voisins qui importent son électricité afin de réduire, de manière concertée, ses niveaux d’exportation. Pour permettre, toujours, aux clients de la CIE de bénéficier d’une consommation électrique normale. D’autant qu’à partir de la fin mai/début juin, l’utilisation des appareils électriques devrait diminuer, la saison des pluies arriver, permettant aux barrages de se remplir et aux centrales hydroélectriques de fonctionner. Jusqu’au mois de décembre, les réservoirs d’eau des centrales hydroélectriques auront le temps de se reconstituer, et le gouvernement ivoirien entend avancer sur le dossier de l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL).
Dès la fin juin, assure-t-on à Abidjan, la situation sera rétablie, tandis qu’à partir de juillet le circuit de fourniture d’électricité verra la mise en service de la nouvelle tranche de la centrale d’Azito. Il est également envisagé de doter le système électrique ivoirien d’une centrale thermique de secours, d’au moins 200MW.
A moyen terme, la Côte D’ivoire veut sécuriser les approvisionnements
A moyen terme, entre 2022 et 2025, la Côte d’Ivoire devrait sécuriser ses circuits de production/consommation électriques, notamment grâce aux projets de renforcement des capacités de production en cours (unités supplémentaires Azito IV de 253 MW, CIPREL V de 390 MW, centrale solaire de Boundiali de 37,5 MW) pour une capacité supplémentaire de 800 MW. Le renforcement des capacités de fourniture de gaz devrait aussi être assuré par des travaux d’investissement dans les champs gaziers existants, et le développement de nouveaux champs.
Enfin, d’autres initiatives pourraient encore renforcer la sécurisation de l’approvisionnement du réseau, comme la mise en œuvre effective de conventions de production d’électricité déjà signées, ou la signature de nouvelles conventions.
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