Produire de l’électricité à partir de son urine. Si cette idée peut faire sourire, elle fait pourtant l’objet d’une étude très sérieuse de l’Université West England (UWE) de Bristol au Royaume-Uni. Selon un premier rapport publié le vendredi 11 décembre dernier, ces scientifiques auraient mis au point un prototype de chaussette capable d’exploiter les bactéries présentes dans l’urine pour générer de l’énergie.
Un générateur portable composé de piles à combustible microbienne
Surfant sur l’attention particulière accordée ces temps-ci aux nouvelles énergies vertes, écologiques et durables, le laboratoire de recherche en bioénergie de l’Université West England de Bristol dirigé par le professeur Loannis Leropoulos a dévoilé dans la revue Bioinspiration & Biomimetrics, les dessous d’un tout nouveau générateur d’énergie alimenté à l’urine.
Destiné à valoriser les déchets humains dans la production énergétique, ce système autonome prend la forme de chaussettes équipées de piles à combustibles microbiennes miniaturisées (technologie MFC), appelées également piles à bactéries. Ces piles utilisent les bactéries pour produire de l’électricité à partir de déchets organiques liquides. Elles puisent dans l’énergie biochimique utilisée pour la croissance microbienne et la convertissent directement en électricité.
Plus concrètement, ces chercheurs britanniques ont eu l’idée d’incorporer une pompe à air dans le talon des chaussettes qui sera actionnée durant la marche. Le circuit de la pompe à air est relié par des tuyaux d’air à 24 piles microbiennes souples qui sont fixées autour des mollets. Dès lors, à chaque pas, les deux pompes sont actionnées et permettent de faire circuler l’urine dans les piles. Le réseau de tubes intégrés peut contenir jusqu’à 648 millilitres d’urine. L’électricité produite est par la suite envoyée vers deux super-condensateurs qui peuvent la stocker afin d’alimenter un module de communication.
Une production d’énergie adaptée aux appareils mobiles
Avec un rendement maximal généré par chaussette de 110 microwatts à raison de 45 pas par minute, cette innovation ne devrait pas révolutionner la production d’électricité, et n’est à ce jour même pas suffisante pour alimenter un bracelet d’activité, une montre connectée ou tout autre gadget électronique. Cela étant, ces travaux ouvrent malgré tout la voie à de nouvelles possibilités dans l’utilisation des déchets humains pour alimenter les appareils électroniques portables et permettent d’imaginer plusieurs applications innovantes.
Des recherches récentes ont démontré par exemple qu’il était possible de développer un émetteur radio basé sur la technologie MFC portable et permettant de transmettre les coordonnées d’une personne dans une situation d’urgence. Ce signal permettrait ainsi de la localiser et apporterait de plus un preuve de vie, le dispositif ne fonctionnant qu’à base d’urine.
« Ayant déjà alimenté un téléphone mobile à l’urine, nous voulions voir si nous pouvions reproduire cette performance dans la technologie portable. Nous voulions que le système soit entièrement autonome, fonctionnant uniquement sur la puissance humaine en utilisant l’urine comme combustible et l’action du pied comme pompe » conclut le professeur Leropoulos.
Crédits photo : UWE Bristol
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