Comme prévu dans le projet de loi de transition énergétique, ERDF va entamer fin 2015 la première phase de déploiement des compteurs communicants Linky en lieu et place des anciens compteurs électriques, devenus inadaptés au regard des nouveaux objectifs d’efficacité énergétique. Une innovation majeure qui permettra de réduire significativement les factures d’électricité via une gestion optimisée des consommations, mais qui semble malgré tout susciter quelques inquiétudes. L’association Priartem et le Collectif électrosensibles de France ont en effet exprimé quelques réserves quant à l’accroissement des ondes électromagnétiques au sein des foyers français. L’occasion ici de faire le point sur la pertinence médicale de telles supputations et sur les effets réels, ou sur l’absence d’effets des nouveaux compteurs communicants Linky sur la santé.
L’électrosensibilité : vraie pathologie ou maladie imaginaire ?
L’électrosensibilité, aussi appelée intolérance environnementale idiopathique aux champs électromagnétiques, est revendiquée par des personnes qui souffrent d’un ensemble de symptômes variables comme des maux de tête, de la fatigue, des rougeurs cutanées, des troubles du sommeil ou de la concentration, et qui seraient liés selon eux à une exposition répétée aux ondes magnétiques ou électriques.
S’il ne s’agit pas ici bien sûr de contester la souffrance des personnes concernées, les origines de leurs maux sont toutefois plus qu’incertaines et aucune étude scientifique n’a encore démontré de manière irréfutable les effets néfastes des ondes sur la santé. Selon l’Institut national de veille sanitaire français (InVS) par exemple, le niveau de preuve scientifique actuel est encore insuffisant pour faire état d’un risque cancérigène certain, ou même probable.
« L’établissement d’un diagnostic est confronté aujourd’hui à des difficultés majeures : il n’existe pas de groupement de symptômes spécifiques et aucun élément clinique ni examen complémentaire ne permet de poser ou de confirmer un diagnostic, d’expliquer le mécanisme de développement des symptômes et de les relier à une exposition aux champs électromagnétiques » peut-on lire dans une note de position de l’InVS.
Les symptômes attribués aux champs électriques sont bien souvent très hétérogènes et aucune lésion somatique (biologique) n’a été identifiée à ce jour comme étant causée par l’exposition électromagnétique. Comme l’explique le Professeur Gabrielle Scantamburlo (unité de psychoneuroendocrinologie, CHU de Liège), auteur de l’ouvrage Champs électriques et magnétiques 50 Hz et santé: quel message au grand public ?, « on n’écarte pas la possibilité d’une causalité, mais elle n’est pas identifiée. La question de l’origine de ces symptômes reste donc ouverte ».
De même, si l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a effectivement reconnu en 2005 que l’électrosensibilité pouvait être « caractérisée par divers symptômes non spécifiques qui diffèrent d’un individu à l’autre », l’institution internationale rappelle également qu’il n’existe à l’heure actuelle ni critères diagnostiques clairs, ni base scientifique permettant de relier les symptômes à une exposition aux champs électromagnétiques.
Linky : des économies significatives pour un minimum d’ondes
Il paraît donc difficile, dans un tel contexte, de mettre en cause de manière objective le déploiement des futurs compteurs communicants comme une source potentielle de symptômes liés à l’électrosensibilité.
Certes, le compteur Linky souhaité par les pouvoirs publics a pour objectif de rendre « acteur » le consommateur et permet l’envoie et la réception d’informations sur la consommation d’électricité sans l’intervention de techniciens. Ce pilotage à distance est rendu possible grâce à des radiofréquences émises par le réseau électrique et le boîtier connecté à tous les objets électriques et ménagers de la maison.
Toutefois, ce dispositif électrique utilise une technologie connue depuis les années 50, le Courant Porteur en Ligne (CPL) qui permet d’envoyer des informations type Internet dans les câbles du réseau électrique classiques et existants. Le compteur Linky n’émet aucune onde radio, il n’utilise pas le wifi et et n’induira pas d’avantage de champs électromagnétiques que le compteur actuel.
De part son mode de fonctionnement, ce nouveau compteur électrique ne communique d’ailleurs pas d’informations en continu, comme d’autres appareils connectés, mais seulement quelques secondes par jour, et émet au final moins d’ondes qu’un téléphone portable, qu’une box wifi, qu’un four à micro-ondes ou qu’une télévision.
Des caractéristiques avantageuses qui seront évaluées une fois de plus par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) chargée par la Direction générale de la santé (DGS) de remettre un rapport sur le sujet début 2016 en réponse aux réclamations des associations d’électrosensibles. Cette dernière devra réaliser « une synthèse des caractéristiques et des connaissances sur les expositions liées aux compteurs intelligents et les effets sanitaires associés ».
De son côté, ERDF précise que Linky « ne présente aucune menace pour la santé (…) et qu’il respecte déjà toutes les normes sanitaires françaises et européennes, très restrictives ».
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