Bilan des premiers retours pour les expérimentations smart grid en France - L'EnerGeek

Bilan des premiers retours pour les expérimentations smart grid en France

Engagée depuis quelques années sur la voie des réseaux électriques intelligents, la France peut aujourd’hui bénéficier des premiers retours d’expérimentation. Dans l’ensemble très positifs, ces derniers laissent entrevoir des possibilité plus globales en matière de smart grids.

Les réseaux électriques intelligents, ou smart grids, sont, en France, une réalité. Dans sa Nouvelle France Industrielle, grand chantier lancé en septembre 2013 afin de redorer un secteur industriel à la peine, le gouvernement, faisant très clairement le pari des technologies du futur, a réservé une part importante à la filière smart grids. Le ministère de l’Economie, porteur essentiel du projet, indiquait d’ailleurs en présentant le plan : « La consommation d’électricité a changé dans sa pratique et dans sa nature… Nos usages se sont transformés. Le système électrique doit dès lors évoluer. » La piste privilégiée étant, évidemment, le recours aux smart grids : « L’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans les réseaux électriques peut y contribuer en créant des réseaux intelligents. » L’ambition est grande : « Le plan ”Réseaux électriques intelligents” permettra de placer les industries françaises en chefs de file. » Pour ce faire, le gouvernement comptait sur un certain nombre d’expérimentations, dont beaucoup apparaissent aujourd’hui très positives pour la suite du chantier.

Des réseaux électriques adaptés aux petits territoires…

Il convient, au préalable, de cerner les enjeux portés par l’apparition des smart grids en France, outre l’ambition industrielle mentionnée plus haut. Les réseaux électriques intelligents, grâce à de nombreuses interconnexions, doivent mettre en relation les différents acteurs du processus de consommation électrique. Le but, in fine, étant de parvenir à une moindre déperdition d’énergie, qui passe par la rationalisation des usages et, donc, par une meilleure communication entre producteurs, distributeurs et consommateurs d’électricité. Le plan smart grids est nécessairement au cœur de la transition énergétique, amorcée cet été par l’adoption d’une loi au Parlement.

Extrêmement dispendieux en énergie, les bâtiments tertiaires – dévolus aux commerces, bureaux, à la santé ou encore à l’enseignement –, au même titre que les bâtiments collectifs – habitation dans la plupart des cas –, sont des éléments clés des smart grids. Il est donc logique qu’ils aient été impliqués massivement dans les multiples démonstrations et expérimentations effectuées jusqu’à présent. Ce sont d’ailleurs quelque 100 projets qui sont en cours dans l’Hexagone, dont une grande partie souhaite appuyer sur l’aspect communiquant des réseaux. « Plusieurs projets ont été développés en ce sens, pour le télé-pilotage, le suivi des postes de distribution et la continuité des réseaux, mais aussi par exemple sur les prévisions de production d’énergies renouvelables ou encore autour de dispositifs de production solaire associés à du stockage », indique Thierry Djahel, directeur Développement et Prospective au sein de Schneider Electric, leader en gestion de l’énergie.

Les premières expérimentations en matière d’outils communicants remontent à 2010. Une dizaine de démonstrateurs smart grids avaient alors obtenu un financement dans le cadre des Investissements d’avenir. L’idée était de valider la pertinence et, surtout, la faisabilité de la gestion de la demande – tertiaire notamment –, du pilotage des moyens de production décentralisés et même du stockage de l’énergie. Avec, toujours en ligne de mire, l’obligation d’être à l’équilibre en termes d’offre et de demande. A ce titre, le concept de micro-grid s’est rapidement imposé comme l’une des avancées les plus notoires.

Déployés sur des territoires de petite taille – pouvant convenir, donc, à des ensembles bâtimentaires tertiaires par exemple –, ces réseaux électriques sont conçus pour fournir, à un nombre restreint de consommateurs, de l’électricité de meilleure qualité. « Ils agrègent ainsi de multiples installations de production locales et diffuses… et peuvent être raccordés directement au réseau de distribution ou fonctionner en mode îloté », note Thierry Djahel. A terme, à l’échelle d’un quartier, ces micro-grids pourront s’appuyer sur la production électrique issue des énergies renouvelables, comme le photovoltaïque ou l’éolien.

… à l’apparition des villes intelligentes

Des avancées plus ciblées sont également à mentionner. Lors du salon SG Paris 2015, qui s’est tenu en mai dernier, un grand nombre de projets ont été présentés, dont certains concernent l’amélioration de l’efficacité énergétique, en permettant de connaître – et de maitriser – la consommation électrique. Le projet Zeus d’Ephori, société française qui conçoit des solutions intelligentes permettant l’économie des énergies, permet d’automatiser les heures d’allumage et d’extinction des appareils électriques ; le projet Netatmo, en association avec EDF Luminus – fournisseur d’électricité en Belgique –, déploie dans le plat pays une solution de thermostat programmable sur smartphone.

Le secteur de la mobilité, tandis que les transports constituent l’une des principales sources d’émission de CO2, est aussi impacté par l’apparition des smart grids. Le projet Infini Drive, lancé par La Poste et ERDF, a expérimenté la gestion d’une flotte de véhicules électriques en entreprise, et notamment le pilotage de leur recharge électrique. Il s’agissait de limiter la charge de puissance, afin de minimiser l’impact sur le réseau : « La recharge d’un groupe de véhicules électriques a pu être pilotée afin de favoriser la recharge pendant les heures creuses, où le prix de l’électricité est le plus faible », affirme Vanessa Chocteau, Directrice générale de Greenovia et coordinatrice du projet.

Des expérimentations ont également été menées au niveau des collectivités territoriales, comme à Lyon (Rhône) par exemple. Initié en 2012 par EDF dans le cadre d’un consortium réunissant 21 partenaires – industriels de l’électricité, des télécoms, mais également universitaires –, le projet collaboratif SmartElectric Lyon devait inciter les habitants à appréhender la consommation électrique autrement. Plus de 25 000 foyers ont participé à l’expérience et ont pu bénéficier d’une compréhension optimale de leur consommation énergétique ; ils ont surtout pu la comparer avec des logements similaires dans leur quartier.

Preuve que Lyon et la région Rhône-Alpes sont à la pointe de la technologie smart grid, la ville des lumières, ainsi que Grenoble (Isère), ont été sélectionnées pour expérimenter le projet GreenLys, démonstrateur smart grid à grande échelle mené en France depuis 2012. « GreenLys est un accélérateur d’innovations. Parti d’un stade R&D, le projet aboutit aujourd’hui à des solutions industrielles avec une tonalité de réplicabilité », indique Guillaume Roupioz, coordinateur opérationnel smart grid région Rhône-Alpes chez ERDF et chef de projet GreenLys. Très ambitieux, le projet a pour objectif de définir les bases d’un futur système électrique intelligent, dans lequel tous les acteurs sont impliqués. Les premiers retours d’expérimentation devraient intervenir courant 2016 ; l’idée est de pouvoir quantifier la création de valeur économique, environnementale, écologique, technologique et même sociétale, d’un système électrique intelligent global. Les premiers jalons, autrement dit, de la bien nommée smart city, ou ville intelligente. Qui devient donc elle aussi une réalité.

Crédit photo : Kuebi

Rédigé par : jacques-mirat

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