Le projet Midi-Provence de RTE prévoit une nouvelle liaison électrique de 210 km entre les postes de La Gaudière, dans l’Aude, et de Ponteau, dans les Bouches-du-Rhône. Il permettra une sécurisation du réseau électrique d’une zone sensible au risque de blackout en renforçant la solidarité énergétique entre les régions PACA et Languedoc-Roussillon. L’étude publique démarrera en 2016 et la mise en service devrait se faire à l’horizon 2020.
PACA et Languedoc-Roussillon : deux régions fortement importatrices d’électricité
Ces deux régions présentent des besoins énergétiques spécifiques de par leurs caractéristiques géographiques et démographiques. Bien conscient de ces spécificités, le gestionnaire du transport électrique RTE se devait d’en tenir compte afin d’adapter son réseau.
Le sud de la France connait un dynamisme démographique important se traduisant par des besoins énergétiques en forte hausse. La consommation électrique du Languedoc-Roussillon a ainsi augmenté de +12% depuis 2006 (+1,5% par an) contre seulement +2,9% en moyenne en France.
Les régions Languedoc-Roussillon et PACA sont également fortement importatrices d’électricité avec respectivement une production d’électricité autonome couvrant seulement 30% et 43% de leurs besoins. Ce chiffre se trouve quelque peu contrebalancé par une croissance constante des énergies renouvelables (on pense notamment au photovoltaïque en forte croissance dans le sud de la France : +24% pour le parc du Languedoc-Roussillon en 2014, +11,5 % pour le parc de PACA), mais cet apport énergétique intermittent et décentralisé exige une adaptation du réseau existant.
Face à constat, la démarche de RTE Méditerranée a donc pour objectif de sécuriser et d’adapter son réseau comme l’a expliqué, Jean-Philippe Bonnet, délégué RTE Méditerranée, au Moniteur : «Les objectifs sont ambitieux. En Languedoc-Roussillon, l’Etat et la région prévoient de quadrupler d’ici 2020 le parc de production photovoltaïque et éolien. En Paca, 3000 MW installés, surtout photovoltaïque, sont prévus à cet horizon d’où des investissements conséquents à prévoir ».
Liaison Midi-Provence : une nécessité pour la stabilité du réseau
Les deux régions sont aujourd’hui directement reliées par une seule autoroute électrique, un axe de 400 000 volts datant de 1980 et allant de Tavel (Est du Gard) à La Gaudière (au cœur de l’Aude). Une avarie sur cet axe unique provoquerait des perturbations importantes sur le réseau. La nécessité de développer de nouvelles infrastructures apparaît donc comme un impératif pour la sécurisation du réseau. A l’étude depuis 2013, le projet Midi-Provence viendra compléter d’autres opérations de sécurisation du réseau dans le sud, à l’instar du filet de sécurité dans la région PACA récemment mis en service par RTE.
Après avoir considéré diverses solutions, comme les lignes aériennes, l’alternative d’une liaison maritime semble constituer la solution la plus viable une fois pris en compte l’impact environnemental, l’efficacité pour le réseau et le coût. Le golfe du Lion dispose en effet d’un large plateau continental sablonneux, idéal pour un ensouillage des câbles à moindre coût.
La liaison électrique, d’une longueur estimée à 210km pour une capacité de 1000 MW, sera donc principalement maritime (160km) mais aussi terrestre (50km). RTE prévoit de l’établir en courant continu. La filiale d’EDF justifie ce choix par la capacité du courant continu à transporter en souterrain une grande quantité d‘électricité sur de longues distances. Raison pour laquelle cette technologie est souvent utilisée pour les interconnexions internationales. De plus, les liaisons à courant continu offrent une certaine flexibilité car elles « peuvent transporter, de façon optimale, une puissance déterminée par l’opérateur qui pilote le réseau électrique », précise RTE.
D’un coût estimé à 500 millions d’euros, la liaison de 320 000 volts disposera de stations de conversion à ses deux extrémités, permettant la transformation du courant alternatif en courant continu. Le projet, dont l’étude publique démarrera en 2016, devrait être fonctionnel en 2020.
Crédit photo: RTE
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