Le 09 avril 2015, Malte inaugurait le câble électrique sous-marin reliant l’archipel à l’Italie et par là même à l’Union Européenne. Le premier ministre maltais Joseph Muscat et son homologue italien Matteo Renzi étaient tous les deux présents pour célébrer l’interconnexion énergétique et marquer ainsi la collaboration entre les deux pays.
Une ligne qui met Malte à l’abri des délestages
Il aura fallu plusieurs années pour voir le projet aboutir, mais c’est désormais chose faite : Malte est reliée au réseau électrique italien (géré par la société Terna) par un câble sous-marin de 120 kilomètres de long via la Sicile. Lancé en 2012 et partiellement financé par l’Union Européenne dans le cadre de l’European Energy Programme for Recovery (EEPR), le raccord assure selon Joseph Muscat « un premier pas vers la diversification des ressources énergétiques du pays ». Ce dernier n’aura pas manqué dans son allocution de saluer le rôle de son prédécesseur pour avoir lancé l’ambitieux projet.
Jusqu’ici Malte assurait de manière autonome son alimentation en énergie électrique par le biais de deux centrales électriques. La connexion au réseau italien permettra désormais de compenser les avaries. En effet, une explosion sur l’une des deux centrales en août 2014 avait conduit à la panne. La deuxième centrale avait alors pris un relais qui fut de courte durée puisqu’une surcharge avait abouti à une panne globale du réseau électrique maltais, privant notamment l’aéroport d’alimentation électrique. La liaison électrique de 200 MW avec l’Italie assure désormais une sécurisation pérenne du réseau maltais.
Malte s’imagine en carrefour énergétique méditerranéen
Outre le raccord énergétique, cette connexion signe également une véritable collaboration dans la zone méditerranéenne. Les deux premiers ministres ont développé cette idée d’un véritable espace d’inter échanges énergétiques, économiques et culturels, voulant transformer la Méditerranée en « un Mare Nostrum pour tous les Européens ». Malte pourra d’ailleurs désormais acheter de l’électricité ou revendre son excédent au réseau italien. Mais la collaboration énergétique et économique devrait aller plus loin. Les deux pays évoquent en effet une diversification et une mutualisation des ressources énergétiques. Le premier ministre maltais a pu évoquer des «projets communs avec l’Italie dans la prospection de pétrole», mais également des études préliminaires à un « stade avancé » concernant la mise en place d’un gazoduc ralliant Malte à l’Italie.
Situé au cœur de la Méditerranée l’archipel maltais dispose également d’une position stratégique de par sa proximité avec des nations africaines comme la Tunisie et la Lybie. Évoquée à l’heure actuelle de façon hypothétique, une collaboration avec les pays d’Afrique du Nord, véritables viviers énergétiques (on pense notamment au potentiel solaire du Sahara), pourrait voir le jour. Sous tendue par une stabilisation des régimes africains, ces possibles accords pourraient permettre à Malte de devenir un trait d’union énergétique entre Europe et Afrique. Alors que la Méditerranée est aujourd’hui le théâtre des tragédies humaines, on peut espérer qu’elle devienne une véritable zone d’interconnexion énergétique au bénéficie mutuel des deux continents.
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