4 ans après la catastrophe nucléaire qui a frappé le Japon, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) fait le bilan de la situation sur le site atomique accidenté de la centrale de Fukushima. Cet établissement public français, sous tutelle des ministères de la Défense, de l’Environnement, de l’Industrie, de la Recherche et de la Santé a remis, lundi 9 mars, un rapport d’information centré sur l’état des travaux sur le site de Fukushima. Ce dossier fait notamment le point sur les actions mises en œuvre pour contrôler les installations ainsi que pour maitriser les rejets et les fuites d’eau radioactives.
Le 11 mars 2011, à 80 kilomètres à l’Est de l’île de Honshu au Japon, un séisme de magnitude 9 provoque un tsunami qui affectera gravement la côte Est de la péninsule nippone. Une catastrophe naturelle empirée par l’accident industriel de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, à savoir la fusion des cœurs de 3 de ses réacteurs atomiques ainsi que la perte de plusieurs systèmes de refroidissement. Des explosions surviennent dans les bâtiments des réacteurs 1 et 4, alors que des matériaux chutent dans les piscines des réacteurs 1, 3 et 4. Cet accident, qui entraînera des rejets dans l’atmosphère et une accumulation d’eau radioactive dans les sous-sols du site, est classé au niveau 7 de l’échelle INES.
Où en est le retrait des assemblages de combustible?
2014 a vu l’accomplissement par TEPCO, exploitant de la centrale accidentée, d’une des étapes majeures dans le plan de reprise du contrôle des installations : le retrait des assemblages de combustible du réacteur 4. Indispensable pour la sûreté du site et de son environnement, ce retrait rendu complexe par l’emplacement du combustible (dans la piscine de refroidissement), débute en novembre 2013 et s’achève toutefois le 22 décembre 2014 sans difficultés majeures.
TEPCO prévoit désormais le retrait des assemblages de combustible présents dans les piscines des autres réacteurs. Les travaux consacrés au retrait des assemblages du réacteur 3 devraient débuter dès cette année, tandis qu’il faudra attendre 2017 pour les assemblages du réacteur 2 et 2019 pour les assemblages du réacteur 1. Le démantèlement complet des installations ne devrait pas être effectif avant 30 ou 40 ans.
Comment empêcher les rejets gazeux et les infiltrations d’eau?
Dans son rapport, l’IRSN note que les réacteurs 1, 2 et 3 sont maintenus à une température comprise entre 20 et 50 °C grâce à des opérations d’injection d’eau douce. Cette eau chargée en radioactivité s’infiltre ensuite dans les sous-sols des bâtiments où elle se mélange aux infiltrations souterraines, avant d’être reprise, traitée et réutilisée dans ce système de refroidissement. Dans un contexte de maîtrise difficile (conditions d’interventions contraignantes, méconnaissance de l’état des installations, accessibilité réduite…) l’IRSN souligne l’importance des moyens déployés par TEPCO tout en précisant que le traitement et l’entreposage des eaux radioactives restent des enjeux majeurs actuels.
En raison de la dégradation des barrières de confinement, des rejets diffus se poursuivent dans l’atmosphère et dans le sol (d’où la contamination des eaux souterraines). Pour remédier à ce problème, TEPCO a déployé des structures de recouvrement pour les bâtiments des réacteurs 1 et 4 (pour les rejets gazeux), ainsi qu’un écran d’étanchéité côté océan et des pompages d’eau (pour les écoulements radioactifs). Des opérations que l’IRSN juge « de nature à limiter les relâchements (…) voir à les empêcher si elles sont totalement efficaces ».
Quelles opérations pour traiter l’eau contaminée?
Enfin, l’IRSN s’est intéressé à la gestion des eaux contaminées par TEPCO. L’exploitant a mis en place 3 procédés de retrait des nucléides ainsi qu’un système de traitement baptisé « multi-nuclides removal equipment ». Désormais, l’objectif de TEPCO est de procéder à l’entreposage d’eau totalement traitée (ne contenant quasiment plus que du tritium, le seul radionucléide pour lequel il n’existe aucun moyen industriel d’extraction) en attendant d’obtenir l’autorisation de rejeter ces volumes d’eaux ainsi traités.
D’où l’importance d’avoir recours à des moyens d’entreposages robustes et un système de gestion de l’eau efficace pour maitriser la pollution du site et de son environnement. L’IRSN souligne notamment les efforts de TEPCO pour réduire les volumes d’eau à gérer grâce à un système de pompage d’eau souterraines situé sur la colline en amont des bâtiments nucléaires. Enfin, TEPCO procède actuellement à l’installation d’un écran étanche par congélation des terrains, à une trentaine de mètres de profondeurs, pour confiner la nappe et stopper définitivement les infiltrations.
Crédit photo : Steve Herman
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