Le 20 mars 2015, marquant le passage de l’hiver au printemps, ne sera pas comme les autres : une éclipse solaire devrait survenir, avec comme possible conséquence une perturbation sur la production d’électricité. Pourquoi ?
Le développement de l’énergie photovoltaïque en ligne de mire
Dans son rapport prévisionnel sur l’équilibre offre-demande pour l’hiver 2014-2015, publié vendredi 7 novembre, le gestionnaire du réseau de transport électrique français (RTE) attire l’attention sur un phénomène relativement inédit : le 20 mars 2015, de 9h09 à 10h31, une éclipse solaire quasi-totale se produira sur le continent européen.
Un événement qui devrait engendrer une baisse de la luminosité de l’ordre de 80%. Pour rappel, la dernière éclipse totale s’était produite en 1999. RTE souligne que ce phénomène pourrait perturber la production d’électricité en France et en Europe.
Car, comme le souligne son président Dominique Maillard, “il y a une différence considérable depuis 1999, c’est le développement du photovoltaïque en Europe. L’éclipse va toucher 75.000 à 80.000 MW de photovoltaïque installés sur le continent”. Si la France ne compte, en 2014, que 4,5 GW de capacités solaires sur son réseau électrique, nos voisins allemands disposent quant eux d’une capacité non négligeable de 36,9 GW.
Les panneaux solaires sont sensibles aux variations de luminosité. Lorsque se produit une éclipse quasi-totale, leur production peut diminuer de 90%. Ainsi, en quelques minutes seulement, “on pourrait voir disparaître brutalement près de 30.000 MW du réseau électrique européen”, ajoute le président de RTE. C’est l’équivalent de 25 à 30 réacteurs nucléaires français.
Comment éviter un black-out ?
A fortiori, la chute de la production va s’accompagner vraisemblablement d’une hausse de la consommation, puisque la baisse de la luminosité engendrée par l’éclipse incitera les usagers à allumer les lumières, que ce soit au bureau ou à leur domicile.
Mais RTE ne se montre pas alarmiste pour autant car il n’existe pas de risque réel de black-out. En effet, l’hiver ne sera pas particulièrement rude, et la France devrait rester exportatrice nette d’électricité dans les mois à venir. Cependant, l’événement demeure intéressant pour étudier les effets d’une baisse subite de la luminosité sur la production d’électricité, photovoltaïque essentiellement.
Jean-Paul Roubin, directeur du Centre national d’expertise du système électrique de RTE indique qu'”il y a plusieurs solutions possibles” : “soit on diminue préventivement le volume de photovoltaïque. Soit on prévoit en back-up de la puissance hydraulique, qui est le moyen de production le plus rapide à mettre en oeuvre. Soit on allume environ trois heures avant l’arrivée de l’éclipse des centrales à gaz”, dont la flexibilité d’usage est l’une des principales caractéristiques.