Après des années de tergiversations, la nouvelle mouture du barrage Poutès, construit sous l’Occupation sur la rivière Allier, devrait bientôt voir le jour. Le groupe EDF, qui gère la production, teste actuellement une reproduction à échelle réduite au sein de son laboratoire francilien.
[stextbox id= »info »]Du dissensus…[/stextbox]
Le barrage de Poutès a été construit en 1941 sous le gouvernement de Vichy, au moment où la demande énergétique grimpait en flèche. Ce barrage alimente l’usine hydroélectrique de Monistrol-d’Allier.
Des décennies durant, le barrage a fait l’objet de controverses. Selon les associations de défense de l’environnement, l’ouvrage empêche le transit du saumon atlantique, une espèce menacée de disparition et emblématique du bassin Loire-Allier – l’un des derniers sites de reproduction de cette espèce. Le barrage, estiment-elles, aurait participé de la mise en péril de cette espèce : autrefois, on comptait 100.000 saumons, contre 10.000 aujourd’hui…
En face, EDF, soutenu par les élus locaux, a créé en 2008 une association visant à soutenir la production issue du barrage. Celui-ci, en plus d’être la plus grande source d’énergie renouvelable de Haute-Loire, constituerait un formidable levier économique pour la région.
Depuis une vingtaine d’années, se posait donc la question de l’avenir et d’un éventuel renouvellement du barrage. Les positions, a priori inconciliables, ont pourtant débouché sur un compromis entre les différentes parties prenantes.
[stextbox id= »info »]… au consensus[/stextbox]
Fin 2011, en effet, le ministère de l’Environnement annonçait la mise en route d’un projet de « nouveau Poutès », avalisé par EDF, l’Etat, les élus, ainsi que par les associations de protection de l’environnement. « C’est un compromis qui a permis de sortir d’un long conflit », indique Anthony Aubert, chargé de communication pour le groupe EDF.
Le barrage de Poutès, reconfiguré, fera 5 mètres de haut (18 mètres actuellement) et 66 mètres de long. Sa retenue d’eau sera de 300 mètres (3,5 kilomètres actuellement). Son design sera repensé et ses équipements, telle que la station de pompage, seront optimisés. Le tout pour un investissement évalué à 20 millions d’euros.
Le cahier des charges établi par les partenaires tente de concilier trois enjeux : le maintien d’un maximum de production d’énergie renouvelable, le transport naturel des sédiments de la rivière et la libre circulation des poissons. EDF, qui loue les mérites de la « démarche de co-construction » qui a abouti à cette solution, affirme souhaiter « concilier les enjeux de la biodiversité et de la production d’énergie renouvelable ».
Le « nouveau Poutès », indique le groupe, permettra aux poissons de « franchir plus facilement l’ouvrage, sans se perdre dans la retenue, car ils avaient tendance à ne pas trouver la sortie ». « Il n’y aura plus de retenue. La rivière reviendra à son lit naturel, comme avant 1942″.
[stextbox id= »info »]Phase de test au Lab EDF[/stextbox]
Le « nouveau Poutès » est actuellement expérimenté à Chatou (Yvelines), au sein de Lab EDF. L’énergéticien a mis au point une version réduite du futur site de production d’énergie hydraulique – échelle 1/13e dans un bassin de… 250 m². « C’est le plus grand modèle physique jamais réalisé dans l’un de nos trois sites. Il est de la dimension d’une piscine municipale », indique Yvan Bercovitz, ingénieur de recherche R&D pour EDF.
Conçu à la fois comme une vitrine et comme un « outil d’aide à la conception du futur aménagement », cette reproduction, qui a coûté 400.000 euros et nécessité cinq mois de travaux, permettra de déterminer l’attribution de la concession d’ici fin 2014, une fois l’enquête publique terminée.
EDF souhaite obtenir l’exploitation pour une durée de 50 ans. Si le groupe obtient gain de cause, les travaux seraient engagés sur trois ans et débuteraient fin 2016. En dépit de ses dimensions réduites par rapport à la version originelle, le « nouveau Poutès » permettrait de conserver 85% de la production actuelle.
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