Publiées ce dimanche à Berlin, les conclusions des scientifiques du GIEC, groupe intergouvernemental d’experts sur le climat sont sans appel. Sans un changement de cap immédiat de la politique énergétique mondiale, il nous sera bientôt impossible de limiter le réchauffement climatique et de ne pas dépasser le seuil de 2 °C fixé par la communauté internationale.
Limiter à 2 °C l’augmentation de la température mondiale serait donc encore possible, soulignent les experts du GIEC, à la condition de s’engager pleinement et immédiatement pour une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces émissions de CO2 n’ont cessé de croître à un rythme de plus en plus soutenu en raison de la croissance économique et de l’augmentation de la population mondiale. Ainsi, entre 2000 et 2010 et en dépit des alertes déjà publiées sur le sujet, les rejets de gaz ont progressé encore plus vite, passant de 2,2 % par an contre 0,4 % en moyenne depuis 30 ans.
Mais l’heure n’est plus à la tergiversation, préviennent ces experts et les options sont désormais très limitées. Ces émissions devront malgré tout être réduite de 40 à 70 % d’ici 2050, sans quoi, le thermomètre mondial pourrait grimper de 3,7 à 4,8 °C d’ici 2100. Une perspective bien sombre pour de nombreuses régions du globe pour lesquelles les conséquences d’un tel réchauffement climatiques seraient catastrophiques.
Alors que la production d’énergie représente actuellement 35 % des émissions, il apparait comme urgent d’entreprendre une profonde modification du mix énergétique au niveau mondial, aujourd’hui trop dépendant du charbon et du pétrole, et de s’engager durablement sur la voie d’une production responsable et moins émettrice de CO2. Le GIEC recommande notamment le recours systématique aux énergies bas carbone et un investissement triplé, voire quadruplé dans ces énergies entre 2010 et 2050. Les énergies bas carbone désignent selon le GIEC, les énergies renouvelables, le nucléaire et les énergies fossiles associées à une capture et un stockage du carbone, qui sont aujourd’hui à un stade expérimental.
Sans évolution rapide dans ce sens d’ici 2030, il deviendra très compliqué de ne pas dépasser les 2 °C d’augmentation et les solutions à disposition seront alors bien moins efficaces. “Nous faisons face à des défis, mais il n’est pas trop tard pour agir. Plus nous attendons, plus ce sera coûteux et plus les défis seront grands”, a déclaré Youba Sokona, co-président du groupe auteur de ce rapport.
Crédits photo : Senor Codo