Danemark : les limites d'une ambitieuse transition énergétique - L'EnerGeek

Danemark : les limites d’une ambitieuse transition énergétique

wind_turbine_photo_Jeff_WernerLe Danemark est souvent désigné comme un modèle à suivre en termes de politique énergétique. En avance dans la production d’énergie électrique d’origine renouvelable grâce à ses turbines éoliennes, ce pays d’Europe du Nord possède un grand savoir-faire industriel dans ce domaine. Rien d’étonnant donc à ce qu’il se lance dans un ambitieux tournant énergétique basé sur le renouvelable au détriment des matières fossiles polluantes. Un système aux intentions louables mais qui commencent à montrer ses limites.

Un mix énergétique renouvelable à 40%

Le Danemark, pays d’Europe du Nord comptant 5,5 millions d’habitants, a annoncé l’objectif énergétique qu’il comptait atteindre d’ici à 2050 : se défaire des énergies fossiles polluantes au profit des énergies renouvelables dans les secteurs de la production d’électricité et du transport. Une politique énergétique ambitieuse pour ce pays pionnier dans la production d’électricité éolienne (depuis les années 70) et éolienne offshore (technologie développée au Danemark à partir du début des années 2000).

Le mix énergétique du royaume voit actuellement la part des énergies vertes dépasser la barre des 40%. Les spécialistes estiment que cette part aura même atteint 50% d’ici à 2020. Ils estiment également que le Danemark pourrait stopper l’ensemble de ses centrales thermiques fonctionnant au charbon et générer 70% de son énergie grâce au renouvelable d’ici à 2025. Toutefois, cet ambitieux objectif et ce noble modèle énergétique sont en train d’atteindre leurs limites.

Une électricité chère et des risques de coupures

Si les sites de production d’énergie renouvelable (énergie solaire et éolien principalement) ne coûtent pas toujours cher à ériger et à entretenir, ils entraînent toutefois une hausse des prix de l’électricité en raison des politiques de soutien mis en place pour en assurer la rentabilité (soutien encore souvent nécessaire car les installations coûtent chères rapportées à la quantité d’électricité produite, par rapport à une centrale thermique par exemple). La conséquence de cette politique de soutien est que le Danemark affiche aujourd’hui les prix de l’électricité les plus élevés d’Europe.

Si l’éolien est la pierre angulaire du mix énergétique danois, le problème de l’intermittence est également à prendre en compte. Alors que les unités de production d’électricité classiques thermiques étaient au bord de la faillite, par manque de soutien de la part des puissances publiques, des subventions à court termes ont finalement dû être débloquées pour éviter au réseau électrique danois de s’effondrer par une nuit glaciale et sans vent.

Électrifier le secteur des transports : une illusion énergétique ?

Une autre situation délicate est en train de se poser quant à la possibilité d’éliminer entièrement les combustibles fossiles du secteur des transports. Le Danemark poursuit cet objectif en misant sur le développement du marché des véhicules électriques. Toutefois, l’électromobilité est loin de faire l’unanimité dans le pays malgré un programme d’échange de batteries usagées pour les possesseurs de véhicules électriques. On constate également que les ventes peinent à décoller et sont loin d’atteindre les records de son voisin, la Norvège.

L’électrification des transports est un donc processus très long, qui fait en plus face à des lacunes technologiques. On pense notamment au défi majeur que représente le stockage de l’électricité. Un défi qui concerne l’électromobilité mais également les énergies renouvelables intermittentes.

Crédit photo : Jeff_Werner

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Une nuit glaciale et sans vent ne risque pas de poser de problème au réseau électrique danois.

    Ce serait différent en France avec le chauffage électrique, qui représente le tiers de la consommation d’électricité en puissance au plus fort de l’hiver.

    Au Danemark, le chauffage provient pour l’essentiel de réseaux de chaleur, alimentés en cogénération (chaleur + électricité).

    Par ailleurs, le prix hors taxes de l’électricité au Danemark, son coût de production en quelque sorte, est inférieur à celui de la Belgique avec ses 51% de nucléaire. Du moins lorsque ce nucléaire fonctionne.

    http://energeia.voila.net/electri/taux_nucle_prix.htm

    C’est un choix de faire porter les taxes sur l’électricité pour inciter à l’économiser et diminuer les taxes ailleurs. En Grande-Bretagne, le prix TTC de l’électricité est pratiquement identique au prix hors taxes. Mais cela se paie ailleurs, en impôts locaux par exemple.

    Pas de problème non plus du fait de l’électricité échangée avec la Norvège : quand il y a trop de vent au Danemark, l’électricité produite permet à la Norvège d’économiser l’eau de ses barrages. Electricité hydraulique qui devient disponible ensuite pour compense un manque de vent au Danemark (pays sans montagnes).

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    • Les prix de l’électricité ménagère durant le premier semestre de 2014 ont été le plus élevé au Danemark (304€/MWh), en Allemagne (298€/MWh) et en Italie (245€/MWh).
      Ce sont précisément les pays où l’éolien a le plus fortement progressé…

      Comme le fait bien remarquer Eurostat (http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/Electricity_and_natural_gas_price_statistics) ” The price of energy in the EU depends on a range of different supply and demand conditions, including the geopolitical situation, import diversification, network costs, environmental protection costs, severe weather conditions, or levels of excise and taxation. “.

      Il est donc vain de rechercher une quelconque causalité avec un facteur unique comme le taux de nucléaire ou le taux de renouvelable.

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  • … or levels of excise and taxation

    Mais c’est bien sûr, s’il n’y avait pratiquement pas de taxes diverses au Danemark, comme c’est le cas en Grande-Bretagne, le prix final de l’électricité au Danemark serait inférieur au prix payé en France.

    Mais ce n’est pas le cas en Belgique avec ses 51% de nucléaire, ni en Grande-Bretagne qui veut en remettre une couche avec l’EPR, deux pays où le prix de l’électricité hors taxes est plus élevé qu’au Danemark.

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  • Merci pour ce superbe article! 40% d’énergie verte, c’est tout de même très encourageant. Notre film LIBRES ! évoque l’expérience concluante sur l’île Samsoe au Danemark où ils ont atteint 100% d’énergie renouvelable. Un contre-exemple par rapport aux 75% d’énergie nucléaire de la France dont on voit la réalité du danger à Fukushima dans une autre partie du film.

    A bientôt pour vivre l’expérience LIBRES ! et débattre avec nous!

    Retrouvez toute la programmation sur http://libres-lefilm.tumblr.com/

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    • Le eolien sans step ou stockage eau ou mer c’est pareil a un femme sans une belle decolte’.Nous en Italie disons “une energie au femme sans tette ou stockage,c’est comme un violin sans archette”

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    • Nombre de morts et disparus dus au séisme de 2011: 18 079.
      Nombre de morts dus à l’accident industriel de Fukushima qui s’en est suivi: 0
      Comme d’habitude on ne pose pas les bonnes questions, comme par exemple comment en est-on arrivé à négliger à ce point les risques sismiques lors de l’implantation de centrales nucléaires? Ou pourquoi l’opération d’évacuation des résidents de la zone d’exclusion a-t-elle causé plus de mille morts à elle seule? Et comme d’habitudes les réponses se trouvent du côté des politiques, encore une fois aux abonnés absents. Mais qu’importe, tant que la population s’acharne sur des épouvantails, ces messieurs dames dorment tranquilles…

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  • Non evacuation liée au Tsunami à engendré 90 % des 2000 morts. Donc 200 pour la centrale. La plupart de ces personnes agées auraient du rester sur place sans dommage. C’est la panique qui tue, pas le nucleaire. Rien à coté du charbon.

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  • 100 % ? Donc aucune importation ? Faux ? Preuve ? Certaines actions sont positives. Mais olus que doubler le prix de l’électricité et avoir 50 % de CO2 de plus que notre nucléaire est un scandale. Surtout pour ce micro pays adossé aux barrage scandinaves.

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