Au Canada, dans la province de Saskatchewan, la centrale thermique de Boundary Dam est à la pointe de l’innovation en matière d’exploitation du charbon, l’énergie fossile qui pollue le plus et dont la consommation globale croît le plus rapidement. SaskPower, la société publique qui exploite la centrale thermique de Boundary Dam, souhaite réduire ses émissions de gaz à effet de serre en captant et en stockant le gaz carbonique à une échelle industrielle. Un pari audacieux en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
[stextbox id=”info”]Qu’est-ce que le captage et le stockage du CO2 ?[/stextbox]
Il existe plusieurs façons de capter le CO2 afin d’éviter son rejet dans l’environnement : avant ou après la combustion. Puis, le CO2 doit être stocké : des gazoducs permettent de l’acheminer vers des sites de stockage aménagés à cet effet, avant que les gaz carboniques ne soient injectés sous terre, en profondeur, via des puits.
Certes, ces techniques sont encore en expérimentation, et certains émettent des doutes quant à la capacité de stocker le CO2 de manière durable dans les profondeurs terrestres.
Actuellement, plusieurs projets de recherche et de développement voient le jour. EDF, par exemple, a créé en mai un démonstrateur de recherche de captage de CO2, en collaboration avec Alstom et Veolia Environnement, sur une unité de la centrale thermique du Havre. Ce démonstrateur doit être testé pendant 1 an. Il devrait permettre de capter 1 tonne de CO2 par heure.
Au Canada, le projet de moderniser la centrale thermique de Boundary Dam, visant à la rendre « propre », s’avère titanesque. A l’heure actuelle, cette centrale émet chaque année plus de 6 millions de tonnes de gaz à effet de serre (sixième source d’émission de CO2 au Canada). Pas question, pour autant, de cesser d’exploiter le charbon. Robert Watson, le président de SaskPower, déclare : « La moitié de notre électricité vient du charbon. Nous voulons garder nos centrales et nous les voulons propres ».
Au total, la modernisation de la centrale de Boundary Dam devrait coûter 1,2 milliard de dollars. C’est le prix à payer pour ne pas stopper l’exploitation des installations : au Canada, en effet, à défaut de les équiper d’unités de capture et de stockage de carbone, les lois fédérales imposent la fermeture des centrales après 50 ans.
[stextbox id=”info”]Quels sont les enjeux énergétiques ?[/stextbox]
D’après les estimations de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), le captage et le stockage des gaz carboniques permettraient de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 à 30% d’ici à 2050.
Actuellement, le charbon est l’énergie fossile la plus polluante. A fortiori, sa consommation à l’échelle mondiale devrait surpasser celle du pétrole à l’horizon 2017, selon l’Agence internationale de l’énergie.
La Chine et l’Inde, qui connaissent un véritable boom industriel, ont des besoins énergétiques accrus. Au moment où les Etats-Unis exploitent à toute allure le gaz de schiste, le charbon américain est revendu à des prix très attractifs, en Asie mais également en Europe.
Ainsi, le développement de techniques telles que le captage et le stockage du CO2, qui ont pour objectif une réduction des émissions de gaz à effet de serre, va de pair avec la volonté d’opérer une véritable transition énergétique à l’échelle mondiale.
COMMENTAIRES
Difficile de capter le CO2 (et le N2O) provenant des transports, ni celui provenant de la déforestation ou le méthane provenant de l’élevage ou de la riziculture.
En fait, c’est la production d’électricité, mais aussi de ciment, de chaux, de coke sidérugique qui sont concernés.
Mais la production d’électricité n’est responsable que de 20% des émissions de gaz à effet de serre.
http://energeia.voila.net/fossile/electricite_fossile_co2.htm
Et comme il n’est guère crédible de capter tout le CO2 émis par les centrakles thermiques au charbon, au pétrole et au gaz, les estimations de l’ADEME risquent peu d’être confirmées.
Mais une autre solution existe : le déclin de la production de charbon à partir de 2030.