GIGA : la première centrale nucléaire à fusion d’Europe dévoile sa feuille de route

Une nouvelle ère s’ouvre pour l’énergie européenne. Gauss Fusion, consortium paneuropéen de haute technologie, a présenté GIGA, la première centrale nucléaire à fusion commerciale d’Europe. Un projet monumental de plus de 15 milliards d’euros qui pourrait transformer le paysage énergétique du continent d’ici 2045.

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Le 9 octobre 2025 marque une étape clé dans l’histoire de l’énergie nucléaire de nouvelle génération : la société Gauss Fusion a dévoilé à Berlin son Conceptual Design Report (CDR), document fondateur du projet GIGA, la première installation à fusion commerciale d’Europe. Soutenue par plusieurs gouvernements et par un plan allemand de 2 milliards d’euros, la nouvelle centrale nucléaire ambitionne de produire une énergie propre, sûre et quasi illimitée, rompant avec les limites du nucléaire à fission traditionnel.

Une centrale nucléaire de rupture portée par Gauss Fusion

L’entreprise Gauss Fusion, fondée en 2022, réunit des industriels d’Italie, d’Allemagne, de France et d’Espagne autour d’une même ambition : bâtir la première centrale nucléaire à fusion rentable du continent. Son siège est installé à Munich, mais son empreinte est résolument européenne, avec des partenariats de recherche en France, en Italie et au Royaume-Uni.

Selon TG24 Sky, le Conceptual Design Report détaille plus de mille pages d’ingénierie, de sûreté et de gestion du cycle de vie des composants. Ce document, qui sera soumis à un panel indépendant en 2026, définit la configuration complète de la centrale nucléaire GIGA : cœur magnétique, confinement, cryogénie et gestion du tritium.

L’investissement total est évalué entre 15 et 18 milliards d’euros, d’après EuroTribune. Le financement privé est complété par des aides publiques et des programmes européens de R&D. Cette présentation coïncidait notamment avec le lancement du plan allemand pour la fusion doté de 2 milliards d’euros, souligne Clean Energy Wire. À travers GIGA, Gauss Fusion veut prouver qu’une centrale nucléaire à fusion peut être non seulement viable technologiquement, mais aussi compétitive économiquement avant 2050.

L’Europe au cœur d’un projet industriel stratégique

L’une des singularités du programme GIGA réside dans sa dimension paneuropéenne. Gauss Fusion s’appuie sur un réseau de laboratoires et d’entreprises répartis sur tout le continent, consolidant une souveraineté énergétique partagée. D’après Innovation News Network, le rapport de conception de la centrale nucléaire GIGA a été co-rédigé par plus de 300 ingénieurs issus de dix pays européens. L’ENEA italienne contribue au développement des matériaux de blanket, tandis que la France se concentre sur la cryogénie et les aimants supraconducteurs.

À Mérignac, près de Bordeaux, Gauss Fusion a ouvert un centre d’excellence consacré aux technologies de la fusion. Les Échos Judiciaires Girondins rapportent qu’une dizaine d’ingénieurs seront recrutés d’ici 2026, avec un effectif cible de 100 personnes à l’horizon 2030. Frédéric Bordry, directeur technique, a déclaré à La Tribune : « L’enjeu de ce contrat est d’étudier et d’expérimenter les technologies pour collecter, mesurer et générer du tritium dans une boucle fermée permettant d’en produire un peu plus que la quantité consommée. » Cette maîtrise du tritium, combustible clé de la fusion, constitue l’un des points critiques de la future centrale nucléaire. En partenariat avec l’ENEA, Gauss Fusion développe des solutions innovantes pour récupérer et recycler cet isotope dans un cycle totalement fermé, gage d’autonomie et de sûreté.

GIGA, promesse technologique et défi industriel pour les décennies à venir

Selon Reuters, Gauss Fusion prévoit de finaliser la phase d’ingénierie détaillée d’ici 2028, avant la construction d’un démonstrateur complet au début des années 2030. Quant à la mise en service de la centrale nucléaire GIGA, elle est prévue pour le milieu des années 2040.

Le CDR fixe aussi un seuil de rentabilité énergétique : chaque gigawatt produit devra correspondre à un coût inférieur à 40 € par MWh. Cette donnée, si elle se confirme, placerait la centrale nucléaire à fusion parmi les sources d’énergie les plus compétitives du marché européen.

Mais la route reste longue. L’entreprise doit encore prouver la stabilité prolongée du plasma, la durabilité des parois de confinement et la rentabilité de la production continue de tritium. Pourtant, la confiance des États européens s’accroît. L’Allemagne, moteur du projet, considère GIGA comme un symbole industriel majeur de la « nouvelle ère de la fusion », selon Clean Energy Wire.

Gauss Fusion ambitionne de fonder un écosystème industriel complet : usines de composants supraconducteurs, centres de calcul, laboratoires de simulation et infrastructures de maintenance. L’entreprise compte déjà plusieurs partenaires stratégiques, dont Siemens Energy et Thales, pour assurer la production des aimants et des systèmes de contrôle cryogénique. « GIGA marque la transition de la recherche scientifique vers l’exploitation commerciale », affirme le communiqué.

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