Depuis septembre 2013 et l’arrêt de deux réacteurs à la centrale d’Ohi, le Japon ne produisait plus d’énergie nucléaire. Cette période zéro nucléaire, engagée après la catastrophe de Fukushima, est désormais terminée depuis cette nuit, 3h30, heure de Paris. Le Japon, désireux de réduire ses importations de combustibles fossiles polluants et chers, vient en effet de relancer le réacteur 1 de la centrale de Sendai. Il produira de l’électricité à compter de vendredi.
Ce réacteur est le premier d’une liste qui comprendra tous les réacteurs répondants aux nouvelles normes fixées par l’autorité de sûreté nucléaire nippone. L’objectif du Japon étant que le nucléaire fournisse à terme 20 à 22% de son électricité (contre 30% avant la catastrophe de Fukushima).
Si la catastrophe marque évidemment encore les esprits (seuls 30% des Japonais se déclarent favorables à cette relance), Tokyo cherche à réduire les importations de pétrole et de gaz naturel liquéfié, qui ont un fort impact négatif sur sa balance commerciale, avec un déficit record de 97 milliards en 2014, et sur son économie tout entière. Le prix de l’électricité a augmenté de près de 20% depuis 2011, année de la catastrophe.
Toutefois, Tokyo ne peut pas se permettre de précipiter les choses et les examens de sûreté sont drastiques. Si la relance de nouveaux réacteurs est attendue au cours des mois à venir, l’objectif de 20 à 22% d’électricité d’origine nucléaire est fixé à long terme, pour 2030, et s’inscrit dans le cadre des annonces environnementales formulées par le Japon à l’aune de la conférence parisienne sur le climat. Contrairement aux énergies fossiles, l’atome présente en effet l’avantage de ne pas émettre de CO2 et le bilan carbone du pays s’est donc dégradé depuis l’arrêt du nucléaire, compensé par les centrales thermiques à flamme.
La relance du parc nucléaire nippon sera très progressive. Chaque réacteur doit subir une série d’examens poussés, et surtout les opérateurs doivent engager d’important travaux de mise aux normes, les critères de sûreté ayant été significativement rehaussés depuis la dissolution de l’ancienne agence de sûreté nucléaire et la création d’une nouvelle instance, plus indépendante de l’industrie nucléaire, très puissante au Japon.
Ce sont notamment les critères de résistance aux catastrophes naturelles qui ont été revus, et pas seulement au Japon. EDF, à l’image de l’ensemble des exploitants mondiaux, a investi dans de nouveaux équipements de sûreté dit « post Fukushima » et a pris de nouvelles mesures organisationnelles, comme la création d’une force d’action rapide (FARN) préparée pour intervenir dans l’éventualité d’un accident nucléaire.
Crédits photo : Kei
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