Dans un avis publié lundi 8 juin, intitulé « Le stockage de l’énergie électrique : une dimension incontournable de la transition énergétique », le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à soutenir et à développer ces technologies nouvelles (batterie, hydrogène) ou mâtures (STEP) qui pourraient permettre de pallier l’intermittence de la production d’énergie renouvelable (solaire, éolien). Quels sont les enjeux et les perspectives de la filière ?
Un marché innovant mais encore naissant
Le stockage de l’énergie a le vent en poupe. Après la très médiatique annonce du lancement de batteries murales à destination des particuliers par le constructeur automobile Tesla, l’Agence internationale de l’énergie renouvelable a sorti un rapport entièrement consacré au stockage de l’énergie. Mercredi 10 juin, c’est le Premier ministre Manuel Valls qui inaugurait à la Réunion une centrale solaire intégrant 9 MWh de stockage.
Par ailleurs, de nombreuses expérimentations sont menées depuis plusieurs mois, notamment dans le cadre des réseaux électriques intelligents à l’instar de Nice Grid. Le stockage de l’énergie a vocation à pallier l’intermittence des énergies renouvelables, dont la production demeure dépendante des conditions climatiques. Lorsqu’ils tournent à plein régime, par exemple, les parcs solaires ou éoliens couplés à des solutions de stockage pourraient ainsi stocker les surplus d’électricité produite pour les réutiliser quand la production est plus faible et la demande plus forte.
A ce jour, cependant, ce sont les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) qui représentent l’écrasante majorité des capacités de stockage installée à travers le monde (99%). En France, les capacités atteignent aujourd’hui 4,3 GWh au total. Mais ces installations nécessitent un dénivelé important, or la majorité des sites montagneux sont d’ores et déjà exploités. Quant aux STEP marines, elles en sont encore au stade de la recherche.
Quelles solutions pour doper le secteur du stockage de l’énergie ?
Comment développer, mais aussi diversifier, les solutions de stockage de l’énergie électrique ? Dans son avis rendu lundi 8 juin, le CESE suggère de « fixer le prix des émissions de CO2 à la hauteur de leurs dégâts réelle ». « Sur la base de cette donnée nouvelle, il serait enfin possible de construire des modèles économiques et financiers permettant de valoriser spécifiquement le service rendu par les différents modes de stockage », ajoute l’institution.
Développer un cadre juridique qui permette de lutter contre les émissions de CO2 et de développer ainsi les énergies renouvelables et le stockage de l’énergie, d’une part ; d’autre part, soutenir la recherche constitue un nouvel impératif. Cette dernière est à ce jour principalement assurée par des acteurs privés (constructeurs automobiles, opérateurs énergétiques, etc.).
Le CESE estime qu’ajourd’hui trois filières doivent être développées en France : les STEP, les batteries (dont les coûts demeurent élevés et le recyclage problématique), et l’hydrogène (les piles à combustible, notamment).
Pour ce faire, la France devra compter sur le soutien de ses partenaires européens. Aujourd’hui, par exemple, 98% des batteries produites dans le monde le sont en Chine. Si elle veut relever le défi du stockage de l’énergie, la France devra s’accorder avec ses voisins pour mettre en place une politique européenne efficiente qui devra contribuer à honorer les engagements pris en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (-80% d’ici 2050).
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