Superphénix : le chantier de démantèlement franchit une nouvelle étape

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Entamée en 2006, la déconstruction du réacteur Superphénix situé sur le site nucléaire de Creys-Malville en Isère, progresse à un ...

Entamée en 2006, la déconstruction du réacteur Superphénix situé sur le site nucléaire de Creys-Malville en Isère, progresse à un rythme régulier. Le groupe EDF a engagé, jeudi 1er juin 2017, une étape majeure de son processus de démantèlement : la mise en eau de la cuve du réacteur, jalon technique majeur indispensable à la poursuite des opérations de découpe.

La mise en eau de la cuve du réacteur, un défi de « taille »

Entré en phase de déconstruction officielle en 2006, le réacteur Superphénix, connu pour être le plus grand réacteur à neutrons rapides du monde, représente un véritable défi technologique compte tenu de la rareté de la technologie utilisée (il n’existe que 12 réacteurs similaires dans le monde) et de la taille de ses composants. Le Superphénix n’est pas un réacteur comme les autres et sa cuve, mesurant près de 24 mètres de diamètre, est toujours à ce jour, la plus grande cuve de réacteur nucléaire jamais construite au monde. Elle pourrait par exemple contenir à elle seule environ vingt cuves de réacteurs à eau pressurisée (modèle de réacteurs équipant la majorité des centrales françaises), et nécessite a fortiori une attention toute particulière.

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L’opération, qui a débuté jeudi 1er juin par une immersion lente à 2m3 par heure jusqu’à atteindre 50m3, alternera durant les six prochains mois, des phases de remplissage rapides, lentes et de rinçage. Elle mobilisera une équipe de 25 salariés du site de Creys-Malville, et démontrera une fois réalisée, la capacité du groupe français à démanteler un réacteur de la technologie « neutrons rapides » dans des conditions de sûreté, de sécurité et de radioprotection optimales pour les équipes comme pour l’environnement.

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Le succès préalable des opérations de traitement du sodium

Ancien prototype français de Réacteur surgénérateur à neutrons rapides (RNR), d’une puissance de 1240 MW, le Superphénix a été mis en service en 1986, et est le seul RNR à avoir atteint le seuil de production industrielle d’électricité. Il était conçu pour produire de l’électricité et être refroidi via un système inédit fonctionnant au sodium liquide. Une spécificité qui imposait toutefois à l’exploitant de vidanger les milliers de tonnes de sodium liquide (substance hautement inflammable) présentes dans le surgénérateur nucléaire et dans les circuits secondaires, avant d’envisager le démantèlement concret de l’installation.

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Ces opérations de vidange, réalisées de 2010 à 2017, ont permis d’extraire et de traiter au total plus de 3500 tonnes de sodium, et nécessité le recours à des techniques innovantes de traitement. La vidange du sodium de la cuve du réacteur a tout d’abord été entièrement réalisée à l’aide d’un robot laser utilisé pour percer les tuyauteries. Le sodium liquide récolté fut dans un second temps transformé en blocs de béton sodés inertes et entreposés sur site, tandis que le nettoyage de la cuve par carbonatation (traitement chimique) permettait d’éliminer les derniers résidus de sodium avant sa mise en eau.

Prochaine étape : la découpe de la cuve

Une fois la mise en eau de la cuve effective (d’ici la fin de l’année 2017), les techniciens pourront lancer les opérations d’évacuation des plus gros composants de la cuve et entamer leur découpe via l’utilisation d’engins robotisés et télécommandés, permettant d’éviter toute exposition des intervenants à la radioactivité. D’autres chantiers de démantèlement se dérouleront en parallèle (par exemple les générateurs de vapeur,) jusqu’à la démolition de la majorité des bâtiments du site.

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L’ensemble de ces travaux de déconstruction et de sécurisation du site devraient s’étendre jusqu’en 2030. Le démantèlement nucléaire au sens propre aura perduré 24 années soit 9 ans de plus que la durée moyenne de la déconstruction d’un réacteur à eau pressurisé (REP), comme ceux actuellement exploités en France, estimé aujourd’hui à 15 ans. Une durée qui peut paraître longue mais pas étonnante. En effet, l’expérience internationale du démantèlement des RNR est nettement moins importante avec celle des REP. A cela s’ajoutent la complexité et la taille exceptionnelles de Superphénix qui se répercutent, elles aussi sur le délai des opérations. Des 5 chantiers de démantèlement des réacteurs refroidis au sodium en cours dans le monde, celui de Creys est de loin le plus avancé.

En attendant, la centrale de Creys-Malville continue d’employer environ 250 personnes. Le site a notamment embauché ces dernières années huit personnes pour pallier les départs en retraite et recruté quatre apprentis. Le démantèlement est aussi un secteur d’activité porteur de croissance et créateur d’emplois sur lequel le groupe français entend bien se positionner à l’international. Le chantier de Creys-Malville, à l’instar de celui de Chooz dans les Ardennes, permet en effet à l’électricien public de renforcer son expérience et son expertise dans un domaine aux perspectives de développement très prometteuses pour l’avenir.

 

Crédits photo : EDF

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