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La voiture électrique, première menace pour l’industrie pétrolière

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Alors que les secteurs de l’électricité et des transports routiers représentent toujours à l’heure actuelle plus de la moitié de la consommation de combustibles fossiles au niveau international, l’ONG Carbon Tracker et le Grantham Institute se sont penchés, dans un nouveau rapport publié le 2 février dernier, sur les conséquences directes d’un développement accru des voitures électriques et des énergies renouvelables sur la santé des compagnies pétrolières. Et force est de constater que les prochaines décennies s’annoncent difficiles pour une industrie qui continue à sous-estimer les effets des technologies durables. 

Vers une démocratisation croissante des voitures électriques

Avec seulement 1% des ventes en France en 2016 et des résultats similaires à l’international, les voitures électriques ne semblent pas en capacité de détrôner les voitures à essence avant plusieurs décennies. Souvent stigmatisées pour leur prix élevé, leur faible autonomie et le manque de stations de recharge, elles connaissent pourtant un développement encourageant, annonciateur pour certains de grands bouleversements à venir dans le secteur pétrolier.

Lire aussi : Les voitures électriques ont représenté 1% des ventes en 2016

L’ONG Carbon Tracker et le Grantham Institute estiment en effet, dans un rapport publié la semaine dernière, que les progrès technologiques actuels permettront de pallier rapidement ces inconvénients et de produire des modèles toujours plus compétitifs. “Nous supposons que les véhicules électriques seront moins chers” que ceux nécessitant du pétrole “à partir de 2020″, explique Luke Sussams, analyste pour Carbon Tracker. Le modèle de prévision de Carbon Tracker suppose également une croissance très rapide liée à l’organisation progressive des réseaux de recharge sur les territoires.

Le Beuc (association européenne de défense des consommateurs) affirmait déjà dans une étude publiée au mois de novembre 2016 que les coûts moyens associés à l’achat et à l’utilisation des voitures équipées de moteurs thermiques et électriques seraient amenés à converger au cours de la prochaine décennie (2020-2030). “D’ici à 2024, le coût total de possession (achat et fonctionnement, NDLR) moyen d’une voiture électrique pourrait égaler celui d’une voiture à essence sur le Vieux continent”, assure l’association européenne. Dans le cas des voitures diesel, les courbes se croiseraient en 2030. “En outre, d’ici 2030, toutes les motorisations, sauf celles fonctionnant avec des piles à combustible à hydrogène, coûteront moins cher à acquérir et à faire rouler sur quatre ans qu’une voiture à essence de 2015″, ajoute-t-elle.

Des conséquences inévitables sur la demande du brut

Associée au fort développement des technologies renouvelables dans le secteur de la production d’électricité, l’expansion de la mobilité électrique pourrait donc effectivement prendre au dépourvu les compagnies pétrolières qui semblent jusqu’à présent sous-estimer ce marché mondial et la baisse de la demande de brut qu’il pourrait entraîner dans les prochaines décennies.

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La baisse du coût des véhicules électriques et des énergies renouvelables pourrait donner un coût d’arrêt dès 2020 à la hausse de la demande de pétrole”, estiment Carbon Tracker et le Grantham Institute. Leur rapport évalue la baisse potentielle de la demande à plus de deux millions de barils par jour (mbj) d’ici 2025, soit une quantité équivalente à la baisse qui avait précédé l’effondrement des prix du pétrole en 2014. “D’ici à 2035, ce chiffre pourrait être multiplié par cinq, avec des véhicules électriques représentant un tiers du marché des transports routiers”, ajoutent-ils.

Un phénomène encore largement sous-estimé

Si les véhicules électriques et l’énergie renouvelable sont donc des éléments capables de changer la donne, l’industrie des combustibles fossiles éprouve malgré tout quelques difficultés à se remettre en question, et beaucoup de compagnies pétrolières continuent, selon Luke Sussams, à sous-estimer cette tendance. “Très peu d’entreprises ou d’institutions de l’industrie énergétique se penchent vraiment sur le bouleversement que provoquerait un développement exponentiel de ces technologies”, précise-t-il à l’AFP. Le géant du pétrole et du gaz BP, par exemple, a estimé la semaine dernière que la demande de pétrole pour les voitures allait continuer à augmenter au moins jusqu’au milieu des années 2030 mais dans des proportions bien moindres que celles envisagées plus haut. Selon le groupe britannique, les véhicules électriques ne représenteront que 6% du marché à l’horizon 2035.

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Ce dernier point fait logiquement débat et nombreuses estimations s’opposent sur le sujet. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) table par exemple sur une part de marché de 8% pour les voitures électriques d’ici 2040 et une baisse de la demande de pétrole d’1,3 mbj seulement, alors que l’organisme de prévision privé Bloomberg New Energy Finance estime qu’elles représenteront déjà 22% du marché en 2035. Les prévisions de Carbon Tracker et du Grantham Institute sont quant à elles conformes à celles de nombreux fabricants automobiles comme Tesla, GM et les principaux constructeurs européens.

Crédits photo : Carbon Tracker

Rédigé par : La Rédaction

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COMMENTAIRES

  • Heureusement les investisseurs dont l’influence n’est pas des moindres tiennent plus vite compte de cette tendance comme on le voit graphiquement sur plusieurs années par la baisse des cours des opérateurs d’énergies fossiles et la hausse de ceux du secteur stockage d’énergie.

    On le constate également dans l’automobile où des opérateurs multi-technologies comme Delphi commencent à être touchés alors qu’ils étaient les plus préservés puisque sur plusieurs secteurs à la fois.

    Sans parler de l’arrivée de l’open-source où la Chine n’est pas absente dans tous les pays émergents où elle envoie des pièces détachées et dispose de garages qui montent sur place les véhicules souvent solarisés.

    Ethyl Corp. (Octel en France) qui produisait le plomb tétra-éthyl a été touché plus tôt et s’est donc réformé plus vite en devenant Albemarle l’un des principaux opérateurs mondiaux du lithium, c’était bien joué.

    Cela confirme que l’essor de l’électrique bouleverse aussi l’automobile qui doit faire face à de nouvelles concurrences et évolutions.

    En août 1896 T. Edison disait au jeune ingénieur H Ford qui travaillait sur le moteur thermique – d’après les Mémoires de Samuel Insull (1859–1938), l’un des pères de l’industrie électrique – : “Jeune homme tu es sur la bonne voie, persévère. Les voitures électriques doivent rester à proximité des centrales électriques. La batterie est trop lourde. Les voitures à vapeur ne sont pas non plus le bon choix car elles nécessitent une chaudière et un feu. Ta voiture est autonome – transporte sa propre centrale électrique – pas d’incendie, pas de chaudière, pas de fumée et pas de vapeur. Tu es sur la bonne piste, persévère” !

    Pourtant Ford n’était pas du tout sûr de ses travaux mais a ainsi été très encouragé comme il l’a souligné ensuite.

    Comme quoi on a beau s’appeler Edison être en plein dans l’électrique et être également aveugle. Dommage çà nous aurait évité les immenses coûts et conséquences du réchauffement climatique pourtant connu depuis 1824 avec le français Joseph Fourier puis le suédois Arrhénius en 1896.

    Preuve que lorsque les technologies sont dangereuses, mieux vaut y réfléchir à 2 fois avant d’être aussi affirmatif et nous déclarer comme Rosatom sur ses sites que le nucléaire c’est l’avenir !

    C’est plus compliqué !

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