C’est en 2008 que le projet ITER débute avec un objectif aussi clair qu’ambitieux : mettre au point le premier réacteur de fusion nucléaire au monde. Des scientifiques européens, américains, chinois, japonais, coréens, indiens et russes forme un comité scientifique qui œuvre depuis dans un centre de recherche implanté en France, à Cadarache dans les Bouches-du-Rhône. Avril 2015 marque un tournant dans ce chantier d’envergure puisque qu’il arrive à une étape cruciale : le déploiement du système d’alimentation électrique qui servira notamment à fournir de l’électricité à l’électro-aimant en charge de stabiliser le plasma. Explications.
Un aimant surpuissant pour contenir le plasma
La fusion nucléaire est un processus pendant lequel deux noyaux atomiques légers s’assemblent pour former un noyau plus lourd : un procédé dont la production énergétique est de 3 à 4 fois supérieure à celle issue de la fission nucléaire utilisée actuellement dans nos centrales. Si la maîtrise de la fusion nucléaire fournirait une source d’énergie quasiment inépuisable et ne générerait que très peu de déchets radioactifs (le graal de la production d’énergie en somme), elle générerait cependant du plasma, un gaz chaud électriquement chargé qu’il faudrait contenir au cœur du réacteur.
Pour y parvenir, les scientifiques du projet ITER ont décidé de créer un champ électromagnétique puissant grâce à un électro-aimant de conception américaine. Ce sont les plans de cette pièce maîtresse que l’entreprise californienne General Atomics a présenté vendredi 10 avril dans la ville de San Diego.
Cet aimant supraconducteur, « haut comme un immeuble de 7 étages », a été baptisé Iter Central Solenoid. Il pèsera 1.000 tonnes et est annoncé comme le plus puissant au monde : selon les scientifiques chapeautant le projet, il serait assez puissant pour soulever un avion de ligne hors de l’eau. Dans le cadre du complexe Tokamak, il servira à générer un champ magnétique « 200.000 fois supérieur à celui de la Terre » afin de contrôler le plasma suffisamment longtemps pour que les atomes fusionnent.
De l’importance du système d’alimentation électrique
Plusieurs parties de l’Iter Central Solenoid vont être transportées par camion jusqu’au Texas d’où elles seront acheminées par voie maritime jusqu’en France pour y être assemblées. Une fois qu’il sera déployé, cet équipement nécessitera d’importants volumes d’électricité pour fonctionner (notamment pour abaisser la température de ses aimants supraconducteurs). D’où l’importance du système d’alimentation électrique du complexe.
L’alimentation de la machine ITER sera assurée par deux postes électriques hautes tension équipés de sept transformateurs. Le chantier qui permettra de mettre sur pied l’ensemble de cette infrastructure d’approvisionnement en électricité a débuté. Il devrait s’étaler sur une période de 5 à 6 ans.
Le chantier du premier réacteur expérimental de fusion nucléaire va à ce titre connaitre un regain d’intensité : en plus d’effectifs humains qui vont passer de 1.500 à 3.000 personnes d’ici 2017, 10 grues viendront d’ajouter à celles déjà en place sur le site. Reste que le projet ITER est un immense défi technique et que de nouvelles problématiques doivent en permanence être surmontées.
« En 2010, notre objectif était une production d’un premier plasma avant 2020. Il est clair aujourd’hui que cet objectif n’est plus tenable », a d’ailleurs déclaré Bernard Bigot, le nouveau directeur général d’Iter Organization. À l’heure actuelle, la première production de plasma ne devrait pas se faire avant 2027.
Crédit photo : General Atomic
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