Dans un document récemment publié, RTE détaille les différentes contraintes liées au raccordement des futures hydroliennes françaises. Le gestionnaire du réseau d’électricité prévient que les zones de raccordement potentielles sont peu nombreuses et que le réseau devra être renforcé pour pouvoir transporter l’électricité produite par les futures hydroliennes.
RTE (réseau de transport d’électricité) vient de publier une étude prospective réalisée à la demande du gouvernement français. Ce document détaille les conditions nécessaires pour intégrer au mieux la future production des hydroliennes sur le réseau électrique français.
Selon RTE, le raccordement des hydroliennes au réseau d’électricité présente plusieurs contraintes :
1) Peu de zones de raccordements potentielles :
Selon RTE, les zones côtières où les hydroliennes pourront être raccordées au réseau d’électricité sont peu nombreuses. La topographie de la côte ne facilitera pas le raccordement. De plus l’essentiel du potentiel hydrolien français est concentré au large de côtes qui bénéficient d’une protection juridique : selon la loi littoral, la pointe du Cotentin est un «espace remarquable», alors que la zone de Fromveur en Bretagne est protégé car il s’agit d’un espace de reproduction des mammifères marins.
L’application de la future loi Brottes devrait cependant permettre de contourner cet obstacle législatif : d’après la proposition de loi, les dispositifs souterrains de raccordements des énergies marines renouvelables pourront être autorisés dans les espaces protégés par la loi littoral, si leur « moindre impact environnemental » est prouvé.
2) Le réseau électrique devra être renforcé :
Si la capacité hydrolienne installée n’excède pas 1.500 MW, le réseau électrique actuel pourra être conservé dans l’état actuel.
Mais si la capacité éolienne installée dépasse 2.500 MW, RTE prévient que le renforcement du réseau 400 kV sera indispensable.
RTE suggère l’idée de construire une nouvelle ligne 400 kV (très haute tension) entre la Basse-Normandie, où se trouve une grande partie du gisement hydrolien français, et l’ouest de la région parisienne. Cette ligne permettrait de transporter l’électricité produite par les hydroliennes sans risque de surcharger le réseau électrique.
Une ligne qui apparait d’autant plus indispensable pour RTE que le projet d’interconnexion France-Alderney-Grande-Bretagne devrait engendrer des contraintes supplémentaires sur le réseau.
De plus, dans le cas du Raz Blanchard, RTE a déjà enregistré de nombreuses demandes de raccordement de projets hydroliens et l’essentiel des capacités encore disponibles sur le réseau est d’ores et déjà saturé par ces demandes.
3) Des délais de raccordement allant jusqu’à 10 ans :
Selon RTE, le raccordement des fermes hydroliennes commerciales au réseau à très haute tension nécessitera de 6 à 7 ans : 4 à 5 ans de procédures administratives et 2 ans de travaux.
Si la construction de nouveaux ouvrages pour renforcer le réseau électrique s’impose, et nous avons vu que ce sera très probablement le cas, les délais de raccordement atteindront une dizaine d’années.
4) La nécessité de mettre en œuvre des techniques de pose des câbles spécifiques :
L’énergie hydrolienne fonctionne grâce à l’énergie des courants marins. Les zones où seront installées les futures hydroliennes sont donc caractérisées par de forts courants marins, à l’image du Raz Blanchard qui est le troisième courant de reverse le plus puissant du monde.
Des techniques spécifiques de pose et de protection des câbles devront donc être mises en œuvre pour s’adapter à l’environnement marin.
[stextbox id= »info »]L’hydrolien en France [/stextbox]
La France possède, après le Royaume-Uni, le deuxième potentiel hydrolien théorique d’Europe. En fonction des différentes sources, il est estimé entre 3 et 5 GW. Ce potentiel est concentré en Normandie (Cotentin) et en Bretagne (Bretagne Nord).
EDT teste actuellement une hydrolienne expérimentale à Paimpol-Bréhat. Fabriquée par Openydro, l’Arcouest a une puissance de 0,5 MW.
L’hydrolien est considéré comme la plus mûre des énergies marines. Le coût du MWh cible est proche de celui de l’éolien offshore, selon RTE.
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