Pourquoi le Bitcoin pose-t-il problème sur le plan énergétique ?

Pourquoi le Bitcoin pose-t-il problème sur le plan énergétique ?

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Depuis son introduction en 2008, le Bitcoin a essuyé de nombreuses critiques sur les plans économique, technologique et juridique. Elles n’ont pas suffi à enrayer la croissance de cette crypto-monnaie dont le nombre d’utilisateurs dans le monde, même s’il est difficile à évaluer précisément, se chiffre désormais en millions. Un succès porteur d’une nouvelle source de débat plutôt inattendu : la consommation électrique du Bitcoin … qui dépasserait déjà celle de 159 pays. Explications.

Le fonctionnement énergivore du Bitcoin

Si la valeur du Bitcoin est toujours aussi fluctuante, elle a beaucoup augmenté au cours des dernières années. Et avec elle le nombre d’utilisateurs de cette monnaie virtuelle attirés par la perspective de gains aussi rapides qu’incertains, mais également par certains avantages par rapport à la monnaie physique comme l’indépendance vis-à-vis des banques ou la sécurité offerte par son système de chiffrement.

Toutefois, si le nombre d’utilisateurs du Bitcoin et des autres monnaies virtuelles a franchi la barre des trois millions, cela reste évidemment largement moins que le nombre de personnes qui ont recours à des transactions bancaires classiques. Cela n’explique donc pas en soi que le Bitcoin puisse consommer davantage d’électricité qu’un pays développé.

La gourmandise énergétique du Bitcoin et des autres crypto-monnaies est en fait liée à leur principe de fonctionnement. Pour s’abstraire du recours à une banque centrale habituellement chargée de la gestion des devises, le fonctionnement du Bitcoin repose sur une technologie s’apparentant au peer-to-peer (pair à pair), bien connu pour le téléchargement de fichiers audio-visuels partagés entre de nombreux internautes.

Dans le cas du Bitcoin, en l’absence de banque, chaque fichier informatique relatif à une transaction financière est partagé entre tous les utilisateurs de la crypto-monnaie. Ces fichiers qui contiennent en outre l’intégralité des soldes de tous les utilisateurs sont mis à jour individuellement à chaque nouvelle transaction. L’immense quantité de calculs informatiques nécessaires implique donc une grande dépense énergétique.

De plus, pour des raisons évidentes de sécurité, les données échangées sont chiffrées grâce à des algorithmes complexes. Cette sécurisation des données est assurée par une partie des utilisateurs du Bitcoin. Appelés « mineurs », ils utilisent du matériel informatique très puissant, et donc très énergivore, pour assurer leur mission de cryptage. Précisons que ces mineurs sont rémunérés en Bitcoin par tirage au sort, ce qui permet de mettre de nouvelles devises virtuelles sur le marché.

0,5 % de l’électricité mondiale consommée par les crypto-monnaies

La technologie sur laquelle repose le fonctionnement du Bitcoin, appelée « Blockchain », est donc bien plus gourmande en énergie qu’une simple transaction bancaire centralisée. La monnaie virtuelle consommerait 56 fois plus d’électricité que le système de transaction bancaire VISA qui compte pourtant un nombre d’utilisateurs bien plus important (200 millions de transactions par jour pour Visa, contre 350 000 pour le Bitcoin).

Si bien que la puissance électrique mobilisée par le Bitcoin est désormais estimée à 2,55 GW. Selon l’étude publiée par le site Digiconomist en novembre 2017, si le Bitcoin était un pays, il se placerait à la 41 ème place du classement des pays qui consomment le plus d’électricité, laissant derrière lui quelque 159 pays. Cette 41ème place le situe entre la République Tchèque et le Chili qui comptent respectivement 10 et 17 millions d’habitants.

Sur l’ensemble de l’année 2017, la consommation électrique du Bitcoin aurait atteint 36 TWh. D’ici la fin de l’année en cours, il est estimé que la consommation d’énergie liée aux monnaies virtuelles équivaudra à 0,5% de la consommation mondiale d’électricité, soit quasiment l’équivalent de celle d’un pays comme l’Autriche. L’an prochain, la puissance électrique requise par le Bitcoin au niveau mondial pourrait atteindre 7,5 GW.

Si l’existence du Bitcoin et des autres crypto-monnaies s’inscrit dans la durée, des innovations technologiques et organisationnelles (réduire le nombre de mineurs par exemple) devraient toutefois permettre de réduire leur consommation électrique. Si tel n’est pas le cas, on peut imaginer que le coût énergétique du Bitcoin le conduirait à sa perte en faisant chuter sévèrement le cours de la monnaie virtuelle…

Crédit photo : Mohamed Hassan

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Excellente présentation, claire et pédagogique.
    Les tenants de la décroissance énergétique n’ont qu’à bien se tenir, voilà encore une innovation qui ne va pas dans le sens de la sobriété énergétique, qui plus est électrique.
    L’électricité est donc bien l’énergie de demain, la demande n’est pas près de baisser, et ce n’est pas les moulins à vent ou les panneaux solaires qui suffiront à la fournir (surtout la nuit et en période anticyclonique).

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