Le Canada, nouveau porte-drapeau de l'énergie nucléaire à l'international

Le Canada, nouveau porte-drapeau de l’énergie nucléaire à l’international

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Deuxième producteur mondial d’uranium, le Canada compte sur l’énergie nucléaire pour tenir ses engagements internationaux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et veut encourager la communauté internationale à faire de même. Dans un discours prononcé fin février 2018 devant l’Association nucléaire canadienne (ANC), et relayé jeudi 15 mars 2018 par la télévision publique Radio-Canada, l’adjointe au ministère des Ressources naturelles Kim Rudd a appelé de manière générale à intégrer la technologie nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique, et promis aux industriels canadiens de la filière de peser davantage en ce sens sur la scène internationale.

Le plan canadien contre le changement climatique

Déposé officiellement en décembre 2017, le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques constitue le plan (élaboré avec les provinces et les territoires) devant permettre au Canada d’atteindre sa cible de réduction des émissions de CO2 (-30% d’ici 2030 et -80% d’ici 2050) tout en stimulant l’économie et en renforçant sa résilience aux changements climatiques. Ce plan comporte notamment la tarification de la pollution par le carbone à l’échelle du pays et des mesures visant à réduire les émissions dans tous les secteurs de l’économie.

Il prévoit par exemple une augmentation importante des capacités de production renouvelables et la fermeture de toutes les centrales à charbon du pays à l’horizon 2030, mais ne mentionne à aucun moment l’énergie nucléaire alors même qu’elle représente la deuxième source d’énergie décarbonée du pays (l’atome fournit environ 16% du total des besoins en électricité du Canada et près de 60% en Ontario). Un oubli que le gouvernement de Justin Trudeau souhaite aujourd’hui rattraper en élevant l’énergie nucléaire au rang de priorité nationale et internationale.

Promouvoir l’énergie nucléaire à l’international

Le Canada s’est en effet allié aux États-Unis et au Japon pour inclure cette forme d’énergie au menu des discussions internationales sur la transition énergétique, en particulier lors du forum Clean Energy Ministerial (Cem) qui réunit gouvernements et secteur privé.

La neuvième édition de ce forum se tiendra les 23 et 24 mai à Copenhague au Danemark sous le patronage de la Commission européenne, puis en 2019 au Canada, et le Premier ministre canadien veut saisir cette occasion pour « placer l’énergie nucléaire au centre des efforts mondiaux pour lutter contre les changements climatiques », a déclaré Kim Rudd, secrétaire parlementaire aux Ressources naturelles devant l’Association nucléaire canadienne. « Le Cem se rencontre à nouveau à Copenhague en mai et nous nous sommes assurés que l’énergie nucléaire ait sa place dans le cadre d’une discussion large et de haut niveau sur une transition mondiale vers une économie faible en carbone », a ajouté Mme Rudd dans sa déclaration relayée par Radio-Canada.

Développer une nouvelle technologie de petits réacteurs modulaires

Sur le plan national, le ministère des Ressources naturelles canadien a également dévoilé devant les acteurs de la filière ses nouvelles ambitions en matière de technologies nucléaires. Le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques vise à stimuler l’innovation et la croissance tout en favorisant la conception et l’utilisation de technologies de façon à ce que les entreprises canadiennes soient concurrentielles dans l’économie mondiale à faibles émissions de carbone. Or, le gouvernement de Justin Trudeau souhaite mettre au point dans la filière nucléaire de petits réacteurs modulaires pouvant être déployés de manière autonome et présentant de nombreux avantages en termes de coûts et de flexibilité. Ces modèles, en cours de recherche et développement, ne dépasseront pas les 300 MW de puissance (à comparer aux 1650 MW d’un réacteur de taille standard), mais présenteront, selon le ministère, un atout non négligeable pour équiper les sites isolés, les régions et pays en développement qui ne disposent pas de réseaux électriques de grosses capacités.

Les autorités canadiennes ont demandé dans ce but à l’Association nucléaire canadienne d’établir d’ici la fin de l’année une « feuille de route » détaillant les priorités et les difficultés d’un développement et d’une utilisation possibles de petits réacteurs modulaires au Canada. Selon l’ANC, ces petits réacteurs nucléaires modulaires pourraient être déployés dans d’anciennes mines de charbon par exemple, dans le transport maritime, dans des installations militaires ou encore dans des missions spatiales.

Pour rappel, le Canada compte actuellement quatre centrales nucléaires en activité dont trois en Ontario (Bruce, Pickering et Darlington) et une au Nouveau-Brunswick (Point Lepreau). L’Ontario a récemment prévu des investissements de 26 milliards de dollars sur 15 ans pour remettre à neuf ses réacteurs.

Crédits photo : ANC

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Dans le document “Small Modular Reactors for Nuclear Power: Hope or Mirage ?” une équipe de l’université de Vancouver, entre plusieurs autres dans le monde, résumait assez bien les problèmes et limites des SMR que l’on ressort à nouveau alors que les grandes centrales nucléaires, pourtant conçues pour celà à l’origine après les petits réacteurs, font désormais face à un manque de compétitivité économique de plus en plus important, quelles que soient les mesures proposées, comme celles récentes de la SFEN par exemple de prise en charge par le public de la quasi totalité des risques financiers des EPR pour en abaisser les coûts. Mais elles ne suffiront pourtant pas quand on fait l’addition de tous les frais précisés dans leurs rapports et que l’on compare avec l’évolution en baisse des renouvelables et du stockage, comme du potentiel d’amélioration encore à venir des renouvelables, en plus des modèles d’applications universels et au plus près des consommateurs, des renouvelables et de l’efficacité énergétique, donc avec l’éventuelle suppression des frais de transport électrique pour beaucoup qui correspondent à plus de 30% de gains techniques qu’envisage la SFEN avec un soutien d’Etat et du public très largement renforcé (donc encore des subventions directes ou indirectes pour un secteur ancien alors que celui aux renouvelables diminue et disparaît déjà dans de plus en plus de pays)

    Conclusions réalistes que beaucoup de scientifiques, ingénieurs et plus partagent du Professor M. V. Ramana, “Simons Chair in Disarmament, Global and Human Security in the Liu Institute for Global Issues at the University of British Columbia, Vancouver, BC, Canada”, dans son rapport en pdf P10/16 en fin d’article :

    “Pendant ce temps, d’autres sources d’approvisionnement en électricité, en particulier les combinaisons des technologies renouvelables et du stockage deviennent rapidement moins chères. Il est probable qu’elles deviendront assez bon marché pour produire une électricité fiable et abordable, même pour les communautés éloignées et petites sans parler des zones plus grandes, connectées au réseau, bien avant que les RSM nucléaires soient déployables, sans parler de la compétitivité économique.”

    Il y a plus de 43 opérateurs de SMR dans le monde et arriver à baisser un peu les prix des SMR (au MWh équivalent produit) se fait au dépens de la sécurité et/ou maintenance ou sur de très importantes séries, sans évoquer les risques de dissémination, terrorisme etc en bref la quadrature qui limite ce modèle que l’on nous ressort depuis des années comme un serpent de mer.

    Lien post ci-dessous s’il passe…

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  • @ Bachoubouzouc : vos arguments de niveau “pff” vont sûrement permettre de contourner le “123 agreement” ou les pays voisins de l’Arabie Saoudite et rassurer ceux qui prétendent aux mêmes possibilités … ! Soyez un peu réaliste parfois :

    https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-03-09/saudi-arabia-enlists-lobbyists-in-quest-to-build-nuclear-plants

    Autre exemple : souvenez-vous qu’Areva, même si çà lui en coûtait – et plus sérieuse que vous – avait catégoriquement refusé de vendre du nucléaire “civil” à la Libye de Kadhafi à l’encontre du président Sarkozy d’alors.

    .

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  • Bonsoir ou Bonjour
    vraiment cette affaire c’est très bien le monde entier l’apprécie.
    Merci cordialement

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  • Quoi, Areva ne voulait pas faire copain-copain avec un dictateur malgré la volonté du président ?

    M’enfin je ne comprends pas : je croyais que l’industrie nucléaire civile était forcément antidémocratique et facteur de prolifération ?

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