Agriculture et énergies renouvelables : un enjeu de rayonnement mutuel

Agriculture et énergies renouvelables : un enjeu de rayonnement mutuel

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Alors que le 55ème Salon de l’agriculture ouvre ses portes ce samedi 24 février 2018 au Parc des Exposition de Paris, l’Ademe publie une nouvelle étude consacrée aux enjeux de développement des énergies renouvelables du monde agricole français. Acteur clé et peu reconnu de la production d’énergies renouvelables dans l’Hexagone, le monde agricole pourrait en effet y jouer un rôle encore plus important dans les années à venir, et profiter de ce marché en plein boom pour se diversifier et compléter des revenus bien souvent insuffisants. Explications.

L’agriculture, une part significative de la production renouvelable

Alors que la France espère toujours atteindre 23% d’énergies renouvelables dans sa consommation finale à l’horizon 2020, et 32% en 2030, l’Ademe souligne dans une étude parue jeudi 22 février 2018, le rôle croissant de l’agriculture dans la production d’énergies vertes et les opportunités offertes en la matière. Selon l’agence, le monde agricole aurait contribué à la production de 20% des énergies renouvelables nationales en 2015, via la fourniture de biomasse (pour les biocarburants ou la production de chaleur), la méthanisation, la mise à disposition de surfaces (pour des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques), ou la production/récupération de chaleur (géothermie ou solaire thermique).

Une contribution significative qui représente déjà 4,5 Millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), sur un total de 23 millions en France, et permet aux exploitations agricoles de participer autant à la production d’énergies renouvelables qu’elles consomment d’énergie non renouvelable. « Cette contribution du secteur agricole à la production des EnR correspond à sa consommation énergétique (…) et pourrait être multipliée par 2 à l’horizon 2030, puis par 3 d’ici 2050 pour atteindre 15,8 Mtep, grâce au développement de la méthanisation, du photovoltaïque et de l’éolien notamment », souligne Marc Bardinal, animateur Énergie, biomasse, innovations au service Forêt, alimentation et bioéconomie de l’Ademe.

Les renouvelables, une nouvelle source de revenu pour les agriculteurs

Toutes filières renouvelables confondues, 50 000 exploitations participent à cette production d’énergies vertes (11% des exploitations françaises), et ont capitalisé en 2015 plus de 1,4 milliard d’euros, soit 2% de leur chiffre d’affaires. Parmi les filières en forte progression, la production de biocarburants est à ce jour la plus plébiscitée par les agriculteurs qui y voient de nouveaux débouchés pour leurs produits agricoles. Elle a rapporté 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2015 quand le photovoltaïque, la méthanisation, la biomasse chaleur et la mise à disposition d’espaces pour l’installation d’éoliennes rapportaient respectivement 109, 88, 85 et 34 millions d’euros.

Ces chiffres, encore « mesurés » compte tenu du potentiel du monde agricole dans son ensemble, ont d’ores et déjà un impact très positif pour les exploitations concernées. Les énergies renouvelables constituent en effet une source importante de revenus pour ces agriculteurs, pouvant dans certains cas générer jusqu’à 15 000 euros annuels de revenus complémentaires. Une somme non négligeable lorsqu’on sait que le revenu agricole moyen en 2015, ne dépassait pas 25 400 euros pour l’ensemble des filières. Le développement des énergies vertes s’impose donc comme un bon moyen de « diversifier les revenus d’un secteur soumis à une forte volatilité des prix et à des marchés incertains des produits agricoles », poursuit Marc Bardinal.

Un accompagnement des projets indispensable

Pour Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire « cette étude prouve une nouvelle fois que la transition énergétique est une réalité et une opportunité pour les agriculteurs. Les énergies renouvelables, c’est de l’emploi dans les territoires, c’est un revenu complémentaire pour les agriculteurs, c’est un plus pour la planète. Avec la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie, nous allons encore accélérer et faire en sorte que chaque agriculteur qui le souhaite puisse s’engager pour le solaire, l’éolien, ou le biogaz ».

Si les renouvelables constituent effectivement une nouvelle filière en plein développement pour le monde agricole et une opportunité économique incontestable compte tenu du nombre de modèles économiques possibles (location de surface, revente de l’énergie produite sur les réseaux, autoconsommation, etc), les exploitants agricoles ne pourront en profiter pleinement sans l’organisation d’un soutien et d’un accompagnement technique, administratif et financier de la part de l’Etat. Devant l’optimisme affiché par le ministre, l’Ademe reste donc relativement prudente, et recommande avant toute chose, pour atteindre ces prévisions, d’améliorer les dispositifs de financement, de faciliter les démarches administratives et de faire la promotion des modèles d’affaires adaptés au monde agricole.

Crédits photo : FEE

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Les énergies renouvelables sont d’autant plus importantes pour les agriculteurs que c’est en grande partie grâce à elles que les agriculteurs d’autres pays (notamment Allemagne) peuvent être plus compétitifs que chez nous. Elles sont donc en fait incontournables pour eux.

    Les renouvelables, l’entretien de l’environnement sont donc parmi les facteurs de développement pour l’agriculture.

    C’est sans parler des techniques de plus en plus nombreuses pour fixer plus de C02 dans le sol et améliorer d’autant les sols et les rendements.

    https://www.carbonbrief.org/guest-post-how-enhanced-weathering-could-slow-climate-change-and-boost-crop-yields

    Par contre ils peuvent oublier la plupart du temps les “agrocarburants” dont le modèle n’est pas satisfaisant (malgré tous les arguments développés par cette filière) et dépassés au plan efficacité énergétique et technologique. Cà n’est qu’une prolongation du modèle de dépendance au pétrole et véhicules pas assez efficients mais pas la meilleure solution.

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  • En plus de l’énergie, des engrais etc pas mal de composants chimiques (souvent recyclables) peuvent être produits à partir du gaz, donc aussi du biogaz et méthane, ce qui ouvre d’autres débouchés et sources de revenus plus avantageuses, au moins pour certaines zones agricoles et autres activités productrices de méthane (déchets, traitement des eaux usées etc) proches d’entreprises du secteur chimie/biochimie

    Exemple quand “Methylomicrobium alcaliphilum 20ZR” utilise le méthane, gaz à effet de serre abondant, et le convertit en précieux précurseurs du nylon.

    Alcools supérieurs, biopolymères, bioproduits supplémentaires sont aussi concernés

    https://www.nrel.gov/news/press/2018/nrel-scientists-model-methane-eating-bacteria.html

    .

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  • Vous approuvez la solution qui consiste à taxer encore plus les contribuables (ou les abonnés à l’électricité) pour subventionner encore plus les agriculteurs. Une méthode d’un autre âge et qui, globalement, ne résout rien, car les emplois conservés ou créés en détruisent d’autres ailleurs.

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    • La plupart des agriculteurs du monde entier sont aidés d’autant que c’est un secteur soumis à des aléas climatiques de plus en plus fréquents. Si vous laissez couler notre agriculture face à la concurrence vous serez sous dépendance alimentaire d’autres pays. Regardez l’évolution qui va jusqu’à présent dans le mauvais sens pour la France dont la part de dépendance augmente et qui doit donc importer une part qui s’est accrue. C’est sans compter non plus les lourdes adaptations à assumer avec le changement climatique qui touche pleinement ce secteur.

      Appuyer intelligemment les agriculteurs au plan des énergies renouvelables et notamment dans les méthodes d’agriculture plus efficaces faisant appel notamment à la robotique, l’IA etc (qui sont également des technologies d’exportations donc qui rapportent à plusieurs titres) permet de réduire les pollutions, d’améliorer leurs revenus, d’arrêter qu’ils se suicident.

      Avec de plus tous les aspects bénéfiques pour l’environnement, la biodiversité, les sols, l’eau et autres retombées positives.

      Aider à faire des renouvelables, biogaz, solaire PV et thermique, éolien etc permet d’éviter des importations fossiles plus coûteuses, de réduire les émissions, la dépendance énergétique, sécuriser le mix énergétique, traiter un part de mobilité etc

      C’est donc un investissement relativement rapidement amorti qui bénéficie à tout le monde.

      Vous trouvez normal que des agriculteurs aient des salaires de 350 euros par mois vus en plus leurs horaires de travail et charges.

      Vous semblez obsédé par les subventions, là il s’agit d’investissements. Regardez les taux d’endettement dans ce secteur et le capital de départ nécessaire. Cà ne doit pas faire oublier les prix d’achats satisfaisants des produits etc. Les agriculteurs ne demandent pas d’aides mais il est nécessaire d’investir intelligemment pour leur permettre de s’adapter aux technologies qui changent et nous avons également besoin de leurs activités tant au plan alimentaire, qu’énergétique, entretien de l’environnement etc

      On ne connaît vos critiques permanentes mais jamais vos brillantes solutions.

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  • Alors que les prix de gros du gaz naturel semble repartis à la baisse, il est question de subventionner la production de gaz par les agriculteurs quatre à cinq fois ce prix. C’est du délire !

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    • Vous devez vous tromper dans vos chiffres une fois de plus :

      – il y a plusieurs prix de rachat selon différents critères donc il faut faire un prorata pour connaître le coût réel (sans parler des nombreuses retombées économiques, réduction des imports d’engrais, nouvelles filières agro etc)
      – il n’y a pas d’écart de 1 à 5
      – le prix du gaz est en hausse et non en baisse et les contrats de rachat ne sont pas indexés sur 15 ans durant lesquels on peut estimer que le prix du gaz sera plus élevé
      – le prix du C02 augmente
      – la CRE veille à ce que le rendement net d’un investissement dans les renouvelables ne dépasse pas en moyenne 6% l’an

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