Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) : qu'est ce que c'est ? - L'EnerGeek

Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) : qu’est ce que c’est ?

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Outil de pilotage politique créé par la loi de transition énergétique, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) développe les objectifs de la France en matière énergétique et précise les moyens d’y parvenir. Elle détaille les trajectoires d’évolution de chaque source d’énergie exploitée sur le territoire dans le but d’atteindre à terme un système de production électrique à la fois stable, compétitif et durable mêlant de manière équilibrée énergies renouvelables et nucléaire. Sa révision, entamée le 16 janvier 2018, est prévue pour durer toute l’année et devrait être l’occasion d’en apprendre plus sur la composition de notre futur mix énergétique.

Une feuille de route énergétique nationale

Selon la loi de transition énergétique pour la croissance verte votée le 17 août 2015, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) définit les priorités d’action détaillées, à un horizon intermédiaire, pour atteindre les objectifs de la politique énergétique nationale. Elle remplace les trois documents de programmation utilisés au préalable relatifs aux investissements de production d’électricité, de production de chaleur et aux investissements dans le secteur gazier, et varie en fonction des spécificités du territoire métropolitain et des DOM-TOM. Les zones non interconnectées comme la Corse, la Réunion, la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, Wallis et Futuna, Saint-Pierre et Miquelon ou les îles de Ponant, bénéficient en effet d’une PPE qui leur est propre conçue en collaboration avec les autorités locales.

Véritable feuille de route énergétique du pays, le rôle de la PPE est de fixer les grandes trajectoires à atteindre pour faciliter la transition énergétique et garantir sur le long terme l’approvisionnement énergétique de chaque territoire français dans le cadre d’un système de production plus durable. Elle concerne pour cela aussi bien la sécurité d’approvisionnement, que l’amélioration de l’efficacité énergétique et la baisse de la consommation d’énergie primaire, le développement de l’exploitation des énergies renouvelables et de récupération, le développement des réseaux intelligents, du stockage, de l’autoproduction, de la mobilité propre, et le maintien de tarifs de l’énergie raisonnables et compétitifs.

Une première révision de la PPE d’ici fin 2018

Publiée au Journal Officiel le 28 octobre 2016, la version actuelle de la PPE appliquée à la métropole continentale fixe les trajectoires d’évolution des différentes sources d’énergie exploitées en France sur les périodes 2016-2018, puis 2019-2023. Elle doit être révisée tous les cinq ans afin d’ajouter une période de programmation supplémentaire, et sera donc, comme annoncé par le gouvernement, revue une première fois d’ici fin 2018 pour détailler les deux périodes 2018-2023 et 2024-2028, adapter ses objectifs à l’évolution des technologies et des priorités, et « organiser l’atteinte des objectifs de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte à l’horizon 2030 ».

Cette révision doit donner lieu à un débat public, envisagé à partir du premier trimestre, ainsi qu’à une version initiale prévue avant la fin du mois de juin, comprenant les nouveaux objectifs de développement des énergies renouvelables (qui doivent couvrir 40% de la production d’électricité et 32% de la consommation énergétique en 2030), ou de réduction des gaz à effet de serre et des précisions sur le nombre de réacteurs nucléaires à fermer dans le cadre de la réduction de la part du nucléaire de 75 à 50%.

Évoluer sans déstabiliser : le point sur la question du nucléaire

Évoquée de manière succincte dans la version actuelle, la question de la réduction du nucléaire devrait en effet animer une large part des débats dans le cadre de cette procédure de révision. Le gouvernement qui a déjà repoussé à 2030 (au moins) la réduction à 50% de la part de l’atome dans note mix énergétique, souhaite ici revenir à des objectifs plus « réalistes », tout en garantissant l’élaboration d’un calendrier « très précis » (la première version de la PPE évoquait l’objectif à réaliser sans véritablement préciser les moyens d’y parvenir).

Les scénarios retenus jusqu’à présent évoquent donc la fermeture possible de 8 à 16 réacteurs nucléaires d’ici 2030 ou 2035. Une trajectoire qui permettrait selon Nicolas Hulot d’accompagner la maturation technologique et le déploiement des énergies renouvelables sans pour autant déstabiliser notre système de production énergétique national, ou augmenter en contrepartie nos émissions de gaz à effet de serre par la relance de centrales thermiques de complément. C’est là tout l’enjeu de cette révision, à savoir, réussir à définir pour la prochaine décennie les contours d’un système de production énergétique complémentaire à la fois efficient, compétitif et respectueux des engagements de la France en matière de lutte contre le changement climatique.

Une augmentation des capacités électriques renouvelables

En matière d’énergie renouvelable, les objectifs de développement en puissance installée devraient quant à eux être revus à la hausse. Le ministre Nicolas Hulot a notamment annoncé au début du mois de janvier « préparer un accélérateur de la transition énergétique » et promis « un changement d’échelle » dans le développement des renouvelables.

A ce jour, la PPE prévoit d’atteindre entre 25,8 GW et 26,05 GW d’ici fin 2023 pour la filière hydroélectrique (contre 25,4 GW en 2017), entre 21,8 GW et 26 GW d’ici fin 2023 pour la filière éolienne contre environ 12,5 GW fin 2017, et entre 18,2 GW et 20,2 GW à fin 2023 pour le solaire contre 7,5 GW actuellement. Des objectifs sont également fixés pour l’éolien en mer posé, les énergies marines de manière générale, la géothermie, le bois-énergie et la méthanisation et un calendrier provisionnel indique les différents appels d’offres qui doivent permettre d’atteindre ces cibles. Pour rappel, les énergies renouvelables comptaient pour 18,9% de la production électrique française en 2017.

Crédits photo : Jean-Louis Zimmermann

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • On reste dans le délire le plus complet, en confondant objectifs et moyens (pourquoi 50% de nucléaire, pourquoi 40% d’ENR, pourquoi 10% restants de fossiles), en jugeant chaque énergie de manière complètement démagogique, et ce sans se soucier des coûts ou de l’impact environnemental.

    En ne cherchant pas à comprendre dans le détail le problème et en ne suivant pas une méthode un tant soit peu rationnelle, on a la garantie d’aller dans le mur financier et environnemental.

    On est ici devant la quintessence de la mauvaise politique.

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  • Les énergies renouvelables en France : 18,9 % de la production électrique en France en 2017 dont essentiellement l’hydraulique. Pourquoi le cacher à chaque fois que l’on annonce ce chiffre ? Cela cache la faible efficacité (et donc le cout très important) de l ‘éolien et du solaire photovoltaïque pour alimenter le réseau de manière fiable. Le Allemands, eux, ont conservé tout leur parc thermique à flamme pour compenser cette faiblesse. https://www.energy-charts.de/power_inst.htm

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  • – Quelle est la compétence de ces soi-disant experts ? Combien d’entre eux ont effectivement réalisé ou piloté un réseau électrique ?
    – Pourquoi le problème des coûts n’est-il jamais abordé ?
    – Pourquoi ne demande-t-on pas à EDF (ou plutôt à d’autres organismes plus indépendants de la politique) de nous présenter la méthode la plus économique d’alimenter la France en électricité pour que nous ayons une base de comparaison ?
    – Pourquoi ne voit-on pas dans nos media des analyses du foirage complet auquel a conduit le fait de laisser nos politiques piloter à leur guise la production électrique (en visant un “développement durable”!) dans des pays comme l’Australie du Sud ?

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