Venezuela : la production pétrolière en pleine crise

Venezuela : la production pétrolière en pleine crise

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Il a longtemps été le tout premier exportateur de pétrole dans le monde, mais désormais le Venezuela est en pleine crise. Sa production pétrolière domestique ne cesse de reculer depuis plusieurs années, au point d’être arrivée à un stade critique fin 2017 en atteignant son taux de production le plus bas depuis trente ans. Dans le même temps, la baisse du prix du baril de pétrole limite la marge de manœuvre pour la PDVSA, l’entreprise publique chargée de gérer la production du pétrole national. Les chiffres de la production pétrolière du Venezuela affolent l’Opep et, dans un contexte de crise politique qui n’en finit pas, le pays semble incapable de résoudre ses difficultés.

Un producteur de pétrole historique

Le Venezuela a été l’un des pays cofondateurs de l’Opep en 1960. A l’époque, il était encore le premier pays exportateur de pétrole dans le monde. Mais depuis tout a changé. Ces cinq dernières années, les fluctuations politiques et économiques du pays ont entraîné une baisse constante de la production de pétrole. Pourtant le Venezuela dispose d’un solide argument : il possède la plus grande réserve d’hydrocarbures liquides au monde. Dans la région de l’Orénoque, les experts estiment qu’il y aurait l’équivalent de 1,4 milliard de barils de pétrole brut, principalement extra-lourd. De fait, toute l’économie du pays est structurée autour de l’or noir et l’industrie pétrolière pèse plus de 90% des revenus en devises étrangères du Venezuela, soit 20% du PIB.

Seulement les problèmes structurels de la production pétrolière empêchent le pays de tirer parti de cet atout. Pire, sur le continent américain, le pétrole vénézuélien subit de plein fouet la concurrence d’autres pays. Les Etats-Unis sont lancés dans une croissante rapide de leur production : le pays devrait passer la barre des 10 millions de barils par jour en 2018, ce qui ferait passer la production américaine devant celle de l’Arabie Saoudite et l’amènerait au même rang que la production russe. Dans le même temps, la production de pétrole au Brésil et au Canada progresse elle aussi.

Au Venezuela, une production pétrolière en chute libre

En 2013, le Venezuela enregistrait une production pétrolière de 2.894.000 barils par jour ; en novembre 2017, selon les chiffres communiqués en janvier 2018 par l’Opep, cette production a chuté à 1.837.000 barils par jour. C’est le niveau le plus bas depuis trente ans. Certes, les principaux autres pays producteurs encaissent aussi un recul dans leur production pétrolière. Mais aucun autre ne connaît une dégringolade semblable à celle du Venezuela. Cette baisse de la production pétrolière vénézuélienne a pourtant eu un effet relativement bénéfique sur le prix du baril de brut : il est repassé au-dessus des 70 dollars au début du mois de janvier 2018. C’est son niveau le plus haut depuis trois ans.

Outre la question de la production en baisse, le secteur du pétrole est de toute manière limité à cause du raffinage. Les installations de raffinage, vieillissantes et trop mal entretenues, ne sont plus capables de traiter qu’une production journalière de 1,3 million de barils maximum. Ces installations tournaient à 95% de leurs capacités pendant les années 1990, elles ne sont plus qu’à 30% de leur capacité aujourd’hui. C’est loin d’être suffisant, ce qui explique que le Venezuela soit même contraint désormais d’importer une partie de son essence.

PDVSA dans la tourmente

Petroleos de Venezuela S.A (PDVSA), la compagnie pétrolière nationale, est la première à encaisser ce recul de la production pétrolière. L’entreprise fait face à plusieurs problèmes : le manque d’investissements dans l’exploration des gisements de pétrole, le manque d’entretien des infrastructures mais surtout l’utilisation de la compagnie à d’autres fins. Ces dernières années, le gouvernement vénézuélien a largement diversifié les missions de l’entreprise : en plus de son activité pétrolière, la compagnie doit remplir diverses missions comme l’achat et la distribution de nourriture. La stratégie pétrolière de l’entreprise est d’autant plus incertaine qu’en novembre 2017, le président vénézuélien Maduro a été contraint de nommer un nouveau PDG à la tête de PDVSA après une série de scandales. C’est un ancien général, Manuel Quevedo, qui a été choisi, mais il ne dispose d’aucune expérience en matière d’exploitation pétrolière.

Pour 2018, l’objectif de la PDVSA est d’augmenter la production pétrolière de 1 million de barils par jour. Ce qui permettrait au Venezuela d’atteindre le quota que l’Opep lui a attribué pour l’exercice 2017-2018, à savoir 1.970.000 barils par jour. Malheureusement, en l’état actuel des choses, l’objectif semble inatteignable. Pour ne serait-ce que maintenir la production à son niveau actuel, il faudrait investir environ 4500 millions de dollars dans l’industrie pétrolière. Une somme dont le gouvernement vénézuélien ne dispose pas, lui qui compte enregistre déjà une dette de plus de 100.000 millions de dollars.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • 1.4 milliard de barils de réserves pétrolières au Venezuela à peine 3 ans de production au rythme actuel? Vous êtes sûrs?

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