La Bretagne inaugure son nouveau filet de sécurité énergétique

La Bretagne inaugure son nouveau filet de sécurité énergétique

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Après six ans d’études et de travaux, la nouvelle liaison électrique reliant Lorient à Saint-Brieuc a été inaugurée lundi 15 janvier 2018, en présence de François Brottes, président du directoire de RTE, du ministre des Affaires étrangères et ancien président de la région Jean-Yves Le Drian, et de Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire. Longue de 76 km et entièrement enterrée (un record), cette ligne de 225 000 volts est entrée en service au mois de décembre et offre à la région Bretagne un nouveau filet de sécurité énergétique.

La Bretagne, un véritable « cul-de-sac énergétique »

Faible productrice d’électricité à l’échelle locale, la Bretagne est confrontée depuis plusieurs années à l’augmentation progressive de sa consommation d’énergie et aux capacités limitées du réseau public de transport d’électricité. Dépourvue de centrale nucléaire, la région ne produit que 10% à 15% du courant qu’elle consomme, et la majeure partie de son électricité doit être importée des régions voisines (de Normandie et de Centre-Val de Loire notamment).

« De par sa géographie, la région est située à l’extrémité du réseau de lignes électriques national, ce qui en fait un véritable cul-de-sac électrique. Elle ne disposait jusqu’à présent que de deux grandes liaisons électriques, l’une au nord et l’autre au sud, qui se raccordaient au niveau de Brest », a expliqué Carole Pitou-Agudo, déléguée régionale de RTE, à l’occasion d’une présentation de cette nouvelle interconnexion à Paris. Cette situation, logiquement inconfortable pour la région, mettait l’ensemble du territoire à la merci des coupures de courant en cas de forte demande lors des vagues de froid hivernales par exemple, et compliquait d’autant plus la mission du gestionnaire RTE, chargé en permanence de rééquilibrer l’offre et la demande d’électricité sur le réseau.

Sécuriser l’approvisionnement énergétique régional

Pour y remédier, les autorités publiques locales et nationales travaillent depuis 2010 à la réalisation du « Pacte électrique breton ». Signé en 2010 entre l’Etat, le Conseil régional de Bretagne, RTE, l’Ademe et l’Anah, ce pacte était destiné à sécuriser l’avenir énergétique de la région via l’ouverture d’une nouvelle ligne, et l’aménagement de nouvelles sources de production d’électricité. Prévue dans ce cadre, la nouvelle liaison électrique inaugurée lundi 15 janvier entre Lorient et Saint-Brieuc, marque donc une étape essentielle de la sécurisation électrique régionale, puisqu’elle permet de répondre à tous les défis posés par l’alimentation de la Bretagne, à savoir, la forte augmentation de la consommation durant la dernière décennie, le déficit de production d’électricité et la situation géographique péninsulaire.

Financé par RTE à hauteur de 120 millions d’euros, cet axe Nord-Sud « va limiter le risque de coupure d’alimentation électrique en Bretagne et contribuer à accroître le développement de l’attractivité économique », a poursuivi Carole Pitou-Agudo. Plus concrètement, en cas d’aléas sur le réseau, le filet de sécurité va constituer un itinéraire bis complémentaire pour alimenter la Bretagne, et permettra en traversant le centre de la région, d’assurer le secours mutuel du nord et du sud.

Cela étant, si ce nouveau filet de sécurité devrait bel et bien éviter les coupures d‘électricité de grande ampleur, il ne pourra toutefois empêcher toutes les coupures plus localisées, tempère RTE. Les intempéries peuvent toujours endommager le réseau de distribution, géré par Enedis, qui achemine le courant jusqu’à chaque maison, comme ce fut encore le cas ces dernières semaines.

Favoriser une meilleure intégration des énergies renouvelables

Ce nouveau filet de sécurité permettra en outre de faciliter l’accueil sur le réseau des énergies renouvelables, terrestres et maritimes, et de renforcer l’attractivité du territoire pour les industriels. En effet, avec la fermeture envisagée de la centrale thermique de Cordemais et les retards pris par la future centrale à gaz de Landivisiau (Finistère), portée par Direct Energie et Siemens, la région compte de plus en plus sur les énergies vertes pour s’assurer un approvisionnement électrique local. Il faut dire que la Bretagne dispose de nombreux atouts en la matière, aussi bien sur terre que sur mer et a engagé de nombreux projets qui nécessiteront autant de capacités de raccordement et de transport. On peut citer ici la ferme pilote de Groix et Belle-Ile en mer et les parcs de Saint-Nazaire et Saint-Brieuc, qui représentent au total une capacité de 1.300 MW.

Cette nouvelle ligne « favorisera une intégration optimale de l’électricité produite par les énergies renouvelables actuelles et futures dans la région, l’éolien notamment. Avec une mention spéciale pour les énergies marines, en plein essor, incluant notamment les soixante-deux éoliennes du parc en mer de Saint-Brieuc, qui sera mis en service à horizon 2023 », souligne le gestionnaire du réseau sur son site.

Vers une nouvelle ligne France-Irlande

Enfin, bien que très attendue, la nouvelle ligne inaugurée entre Lorient et Saint-Brieuc ne sera sans doute pas suffisante pour assurer à la Bretagne un approvisionnement stable en électricité, et l’Etat envisage déjà un nouveau projet plus vaste, permettant cette fois de relier la région à l’Irlande.

Cette interconnexion France-Irlande baptisée « Celtic Interconnector », est encore à l’étude mais pourrait voir le jour assez rapidement (à l’horizon 2025-2030) sous l’impulsion d’une Irlande désireuse de se démarquer de son principal partenaire anglais. Ce projet, qui constituerait la première interconnexion directe entre l’Europe continentale et l’Irlande, relève en effet d’une importance stratégique depuis la décision du Royaume-Uni de quitter l’UE.

Crédits photo : RTE

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

    • Les bilans sont clairs sur le fait que l’incorporation de biomasse dans les centrales charbon est très peu vertueuse. Ce qui aurait vraiment aidé la Bretagne, c’est soit une centrale nucléaire, soit une centrale gaz. Les Bretons ont refusés les deux, et si ici on utilise pas une ligne aérienne qui aurait couté minimum 2 à 3 fois moins cher, pas besoin d’aller chercher très loin pour deviner que c’est à nouveau à cause des blocages.
      Bref les Bretons veulent bien de l’électricité mais pas prendre leur part des inconvénients pour la produire et reposent sur la solidarité nationale pour que ceux-ci soient à charge des autres, ainsi que la majeure partie des surcoûts de cette ligne ! (car si elle n’est utilise qu’à la Bretagne, elle a ponctionné le TURPE que nous payons tous)
      Ben voyons 🙁

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      • Je pensais à la centrale de Cordemais auparavant au gaz, la biomasse posant de nombreux problèmes écologiques. Je suis d’accord avec vous. De même, l’EPR de Flamanville, une fois en route, leur sera très utile.

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  • Avec ses 3 millions d’habitants, la Bretagne peut tout à fait aspirer à produire son électricité avec 100% de renouvelables, à l’instar du Danemark (plus de 5 millions d’habitants). Pour l’instant, ses renouvelables ne couvrent que 11% de son électricité (sept 2016 à sept 2017), principalement avec l’éolien (6,5%). Quand va se développer, et c’est inéluctable, l’énergie offshore, elle sera à même de couvrir une grande partie, voire la totalité, de ses besoins électriques. Sans les risques et les déchets du nucléaire. Sans les CO2 des fossiles.

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  • Vous vous faites bien des illusion sur le modèle danois. Vous ne savez peut-être pas que les éoliennes ne fonctionnent pas en permanence et que leur facteur de charge n’est que de 25 à 30 %. La Bretagne, tout comme le Danemark sont, et seront loin d’être autonomes en énergies.

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