Drones commerciaux et industriels : un marché en plein boom

Drones commerciaux et industriels : un marché en plein boom

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Malgré les contraintes imposées en termes de trafic aérien et de sécurité intérieure, les drones civils poursuivent leur envol technologique et continent de bouleverser les pratiques traditionnelles. En se positionnant aussi bien en rupture qu’en complémentarité avec les outils actuellement utilisés, à l’exemple des autres vecteurs aériens (avions, hélicoptères, ou satellites), les drones transforment progressivement le paysage industriel sur le territoire et offrent de nouveaux moyens d’action inédits en matière de surveillance et de maintenance des infrastructures.

Un marché mondial évalué à 110 milliards d’euros

Utilisés depuis des décennies dans le domaine militaire, les drones font leur apparition depuis quelques années dans le secteur civil et offrent un nombre d’applications potentielles considérable, laissant entrevoir les bases d’une filière industrielle de grande ampleur. Selon une étude du cabinet PwC, le potentiel du marché des drones commerciaux dépasserait 110 milliards d’euros, et les secteurs les mieux prédisposés à accueillir ce type d’applications seraient celui des infrastructures, avec un marché estimé à environ 39 milliards d’euros, et celui de l’agriculture avec un marché évalué quant à lui à 29 milliards d’euros. Ces nouveaux marchés pourraient être pleinement exploités d’ici 2020, à condition qu’un cadre réglementaire incitatif soit adopté par toutes les autorités nationales et qu’un véritable système de gestion du trafic aérien incluant les aéronefs sans pilote à bord soit mis en place à l’échelle internationale.

La France possède déjà de son côté de réels atouts en la matière grâce à l’instauration dès 2012 d’une réglementation autorisant l’expérimentation et le développement d’applications commerciales. La mise en place de cette réglementation par la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) a en effet représenté un véritable moteur de croissance pour la filière drone française qui voit aujourd’hui ses champs d’application se multiplier. Fin 2015, la DGAC recensait plus de 2300 opérateurs sur le territoire hexagonal, faisant de la France l’un des pays les plus importants de la filière. De nombreuses start-up ou PME se sont lancées dans la conception de nouveaux produits innovants destinés à des usages industriels (drones grimpants, drones sous-marins etc.), démultipliant ainsi encore davantage leurs capacités.

Les drones proposent des applications industrielles prometteuses

Outre le domaine militaire, le recours à ces technologies se développe donc très largement dans le génie civil, la sécurité civile ou les télécommunications. Elles permettent notamment de faciliter les études scientifiques (géologiques ou météorologiques par exemple), et offrent des prises de vues aériennes déterminantes pour la réalisation de missions d’inspection des milieux naturels (en cas d’incendies de forêts, ou de catastrophes naturelles), de sécurité intérieure (contrôle aux frontières, surveillance maritime) ou de surveillance du trafic routier et des transports. Mais également pour l’analyse et le suivi de progression des cultures dans le milieu agricole, ou tout simplement pour donner une vision dynamique vue du ciel dans le milieu de la production audiovisuelle.

Dans le secteur industriel, les drones sont également de plus en plus plébiscités pour des missions de surveillance et de maintenance des sites, des bâtiments, des ponts, des barrages, ou des réseaux. Le contrôle des réseaux de transport et d’énergie (voies ferrées, réseaux électriques, pipelines, oléoducs, gazoducs), et la gestion industrielle des sites d’exploitation de l’industrie minière, pétrolière ou électrique constituent dans ce cadre un des débouchés les plus prometteurs. Le groupe EDF par exemple, parie sur la sécurité, la rapidité et la réactivité des drones et expérimente depuis plusieurs années leur utilisation dans la gestion de son parc de production et de son réseau de distribution. Fournissant des prises de vue précises de zones difficilement accessibles, ces appareils lui permettent notamment de récolter des données “géolocalisables” et d’améliorer ainsi sa connaissance des réseaux. Une première expérimentation sur le réseau Corse en 2014 lui avait permis de vérifier l’état des pylônes ou l’éloignement de la végétation par rapport aux lignes, pour un coût économique et environnemental largement réduit (l’utilisation de ces appareils offre en effet une alternative aux observations par hélicoptère, et limite le transport des équipes envoyées pour diagnostic).

Mais la Corse et ses paysages accidentés ne sont pas le seul terrain de jeu en la matière puisque des drones avaient déjà été testés en 2013 pour la surveillance de panneaux photovoltaïques et la détection d’anomalies par thermographie aérienne. Depuis, leur exploitation se généralise et le groupe EDF a même validé en 2015 la création d’un Centre de Compétences Drones au sein de la Division technique générale (DTG), son unité de mesure et d‘expertise technologique basée à Grenoble. Sous l’impulsion de ce nouveau service dédié à la recherche des nouvelles technologies exploitables, de nombreux tests ont été réalisés ces derniers mois sur les centrales thermiques (à Porcheville), les barrages hydroélectriques (à la centrale de Saint-Chamas) ou les centrales nucléaires (au CNPE de Bugey, et de Chinon par exemple) du groupe. Ces différentes interventions ont toutes confirmé les gains attendus en termes de sécurité (l’utilisation de drones limite les travaux d’accès difficile), et de performance (une semaine d’inspection au téléobjectif peut être réduite à une seule journée avec un drone).

Une nouvelle discipline d’enseignement technologique

La demande à venir en termes d’applications (et donc de marché) compte tenu de ces performances et la variété des technologies possibles (drones aériens, aquatiques, grimpants, etc.) font donc des drones une véritable filière d’innovation et de recherche qui trouve logiquement toute sa place dans les grandes écoles d’ingénierie. Plusieurs cursus ont ouvert en parallèle afin de permettre aux ingénieurs et techniciens en herbe de se focaliser sur les potentialités des systèmes embarqués en temps réel. Ces filières recouvrent de nombreuses thématiques d’enseignement comme l’électronique numérique, les lois de commandes classiques et évoluées, les systèmes numériques en temps réel, l’informatique associée, les télécommunications, ou la gestion et l’optimisation de l’énergie.

Les professionnels, entreprises et industriels sont bien évidemment associés à cette tendance, dans le but d’établir avec précision les tenants et les aboutissants d’une formation qui doit être à la fois pertinente et en adéquation avec les besoins du terrain. La DTG et le Centre de Compétences Drones d’EDF proposeront dans ce but, les 7 et 8 novembre prochains à l’école d’ingénieurs ENSE3 de Grenoble, un événement fédérant les acteurs locaux et nationaux de la filière drone autour des besoins, des usages et des enjeux du groupe EDF et ses installations.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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