Quelques mois seulement après avoir relancer officiellement son cinquième réacteur (le 6 juin 2017), le Japon poursuit lentement mais surement son retour sur la voie du nucléaire. L’autorité japonaise de régulation (NRA), seule apte à autoriser le redémarrage des réacteurs, a donné mercredi 4 octobre son feu vert technique pour la remise en service des tranches 6 et 7 de la centrale de Kashiwasaki-Kariwa dans le nord-ouest du pays. Une première pour l’opérateur Tepco, propriétaire de la centrale de Fukushima victime d’un tsunami en 2011.
Si ce feu vert n’est pas synonyme de relance immédiate, plusieurs autorisations politiques étant encore nécessaires, il constitue néanmoins un pas décisif sur le plan technique pour la compagnie nippone Tokyo Electric Power (Tepco), en grande difficulté depuis l’accident de Fukushima. Les nouvelles réglementations de sûreté et de sécurité imposées par la NRA, considérées comme faisant partie des plus sévères au monde, imposent en effet de longs programmes d’optimisation technique, et la validation des deux réacteurs de la centrale de Kashiwasaki-Kariwa apparaît logiquement prometteuse pour l’exploitant nucléaire.
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3On s’attend à ce que l’autorisation gouvernementale de redémarrer les réacteurs soit officiellement accordée au début de l’année prochaine, ou peu de temps après, à la suite de commentaires publics et d’un avis du responsable du Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI) sur l’éligibilité de Tepco en tant qu’opérateur”, a écrit sur son site internet le Forum des industries atomiques japonaises (Jaif). Mais Tepco devra également obtenir les autorisations politiques des élus de la région, et notamment celle du gouverneur de la préfecture de Niigata sans laquelle aucun des réacteurs de Kashiwasaki-Kariwa ne pourra être relancé.
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Outre ce premier signe encourageant pour Tepco, c’est surtout la première fois que la NRA donne son feu vert à des réacteurs dits à eau bouillante (REB ou BWR), de même type que ceux de Fukushima daiichi, alors que les cinq réacteurs en activité actuellement au Japon étaient tous de type à eau pressurisée (PWR ou REP).
Crédits photo : Triglav
COMMENTAIRES
Le rapport récent de l’IEEFA, “Global Electricity Utilities in Transition: Leaders and Laggards: 11 Case Studies,” démontre que les opérateurs qui se sont largement tournés vers les renouvelables sont en position de force, attirent plus les capitaux et peuvent se permettre de s’adapter aux prix de marché, grâce notamment à la compétitivité de ces dernières.
C’est le cas d’Enel en Italie, Nextera aux Etats-Unis.
Engie se situe en position intermédiaire.
Le cas de Tepco, qui est aussi un peu celui des 9 autres Epco japonaises bien que moins touchées, est étudié en page 25 et il ne se modernise pas assez :
http://ieefa.org/wp-content/uploads/2017/10/2017-10-04-IEEFA-Utility-table-WEB-v5-670×1024.jpg
Il apparaît clairement qu’en plus du nucléaire Tepco s’est largement tourné vers les fossiles, charbon et gaz, et encore très peu vers les renouvelables. En plus dans ce dernier cas en Inde où les prix tant du solaire que de l’éolien sont très bas (34 euros pour le MWh éolien indien récemment).
Tepco risque donc d’être confronté à ce que vivent tous les opérateurs notamment dans le charbon et le gaz.
Le rapport conclue donc à propos de Tepco et des 9 autres Epco japonaises : “Japanese utilities would do well to increase their focus on domestic renewables”.
Le rapport de l’EEFA :
http://ieefa.org/ieefa-report-winners-losers-global-electricity-market-renewables-disrupt-markets-across-asia-europe-u-s-africa/
Un analyse plus générale de la Tribune :
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/transition-energetique-un-enjeu-majeur-pour-les-acteurs-historiques-752895.html