La Guadeloupe compte sur son potentiel géothermique dans son mix électrique

La Guadeloupe compte sur son potentiel géothermique dans son mix électrique

Guadeloupe-usine-geothermique_Bouillante

Reconnaissable entre toutes à son odeur de soufre si particulière, la centrale géothermique de Bouillante en Guadeloupe produit actuellement 4% de l’électricité consommée sur l’île, et s’impose désormais comme la référence d’une filière en devenir. L’archipel, doté de fortes capacités en la matière, entend en effet faire de la géothermie la base de son mix électrique dans les années à venir et profiter de cette énergie stable et décarbonée pour réduire sa dépendance aux combustibles fossiles importés. Explications.

Les DOM et le pari nécessaire des énergies renouvelables

Enjeu de taille pour les territoires insulaires qui importent leurs principales ressources fossiles (pétrole, fioul, charbon) pour un coût global de 800 millions d’euros par an, la mise en œuvre d’une filière de production renouvelable efficiente, promet aux zones isolées du réseau, une autonomie énergétique, une meilleure performance environnementale, et un véritable potentiel d’industrialisation, de croissance économique, de création d’emplois, et d’innovation, déterminant pour leur développement à venir.

Lire aussi : Les territoires d’outre-mer : une transition énergétique à deux vitesses

Pour autant, les derniers chiffres livrés par l’Observatoire de l’énergie (Orec) sont sans appel. La consommation d’énergie et notamment d’électricité dans les DOM, progresse légèrement depuis plusieurs années, et si les capacités de production renouvelables augmentent elles-aussi, leur part dans le mix énergétique n’évolue guère. La Guadeloupe par exemple a connu ces dernières années une légère croissance de sa consommation pour atteindre un maximum de consommation en 2016 de 1860 GWh, soit une augmentation de 2,4% par rapport à 2015. Sa production d’électricité nette a elle aussi augmenté de 2% atteignant 2115 GWh en 2016 (grâce à une hausse des filières diesel et Bagasse/charbon), sans toutefois que les filières renouvelables ne prennent le dessus. La couverture de la production issue des sources d’énergies renouvelables est en effet relativement stable depuis quelques années, et la Guadeloupe, comme l’ensemble des zones non-interconnectées, doit désormais multiplier les efforts si elle veut atteindre l’autonomie énergétique en 2030 comme le prévoit la Programmation pluriannuelle de l’énergie.

Production électrique en Guadeloupe en 2016 @EDF SEI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Or, dans cette course aux énergies propres, chaque territoire a sa spécificité et sa spécialité. La Martinique a opté pour la méthanisation des déchets, la Guyane pour la construction d’un nouveau barrage hydroélectrique, La Réunion pour l’exploitation croissante de la bagasse, et la Guadeloupe pour l’exploitation de ses larges ressources géothermiques. N’oublions pas ici bien sûr l’utilisation de l’énergie éolienne et de panneaux photovoltaïques avec système de stockage d’énergie qui se développe dans tous les territoires d’outre-mer et font l’objet de projets innovants comme dans le Cirque de Mafate à la Réunion par exemple. Le tout sous la houlette d’EDF et sa direction SEI (systèmes énergétiques insulaires) qui s’engage au plus près dans tous ces territoires en prenant en charge l’ensemble de la production et de la distribution électrique.

La ressource géothermique, “l’or blanc” de la Guadeloupe

La Guadeloupe dispose donc d’un potentiel géothermique très prometteur qui pourrait à terme constituer une base de production déterminante pour le mix énergétique local. Comme l’explique sur France Antilles, Jacques Chouraki, président de Teranov, entreprise guadeloupéenne spécialisée dans ce domaine, “la ressource géothermique, c’est l’or blanc de la Guadeloupe. C’est la seule énergie d’origine renouvelable qui est capable de remplacer le fossile comme base de la production d’électricité”.

Production d’énergies renouvelables en Guadeloupe en 2016 @EDF SEI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’archipel des Antilles n’a d’ailleurs pas attendu pour en profiter. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) y exploite depuis plusieurs années déjà sur le site de Bouillante (sur la côte ouest de la Basse-Terre, non loin du volcan de la Soufrière), la première centrale géothermique à avoir été connectée au réseau. Cette installation qui a réalisé 10 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2015, a produit 83 GWh d’électricité et couvert 4% de la consommation locale pour une puissance installée de 14,75 MW répartie entre deux turbines. Rachetée à 80% en 2016 par la société américaine spécialisée en géothermie Ormat et la Caisse des Dépôts (CDC), la centrale de Bouillante reste aujourd’hui gérée par l’entreprise Sageos (filiale du BRGM qui conserve près de 20% des parts), et bénéficiera dans les prochaines années de nouveaux investissements à hauteur de 10 millions d’euros dans le but d’optimiser son fonctionnement et de tripler sa capacité installée pour atteindre 45 MW en 2021.

Production géothermique en Guadeloupe en 2016 @EDF SEI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au total, si le potentiel géothermique de la Guadeloupe n’est pas connu avec certitudes, sa capacité de production pourrait facilement être portée à 60 MW dans les quatre ou cinq prochaines années, ajoute Jacques Chouraki. Le projet de construction d’une seconde centrale a d’ailleurs été évoqué à plusieurs reprises et pourrait prendre forme dans la décennie à venir. Le secteur de Vieux-Habitants, situé lui aussi sur la côté-ouest de la Basse-Terre, fait l’objet d’études en ce sens et une campagne de forages exploratoires dans les zones identifiées comme les plus prometteuses devrait commencer dès 2019. Si les résultats de ces forages sont concluants, la centrale pourrait être achevée deux ou trois ans plus tard, et être opérationnelle en 2022.

Lire aussi : La chaleur géothermique : l’énergie renouvelable mal-aimée

Toujours au conditionnel donc, ce nouveau projet est soutenu par l’Etat, mais suscite quelques réserves à la Région compte tenu de l’investissement qu’il réclame (on parle ici d’environ cinq millions d’euros par MW). Ce type d’installation peut pourtant se rentabiliser très rapidement, les coûts de production étant beaucoup plus faibles que ceux applicables à une centrale de production électrique classique. Le mégawatt est vendu actuellement 160 euros, soit 80 euros moins cher que le coût de production d’un MW par énergie fossile, et la géothermie est une énergie propre, totalement décarbonée.

Crédits photo : LPLT

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
mar 26 Déc 2023
En 2024, le gouvernement ajuste le bonus écologique, réduisant l'aide pour les familles aisées tout en la maintenant pour les plus modestes.     Voiture électrique : le bonus passe à 4 000 euros Le bonus écologique, cette aide gouvernementale…
ven 3 Nov 2023
Le marché de la rénovation énergétique est en plein boom, mais tous les acteurs ne jouent pas le jeu. Des consommateurs floués, des travaux inachevés et des équipements défaillants : le tableau est parfois sombre. La vigilance est de mise,…
ven 16 Juin 2023
Une récente étude menée par des scientifiques britanniques révèle une distinction malheureuse pour Paris : elle est la ville la plus meurtrière d'Europe lors des périodes de canicule. Cette conclusion découle d'une analyse minutieuse des données de plus de 800…
mer 10 Avr 2024
Les énergies renouvelables sont un enjeu croissant partout en France. Reste la question du financement. Pour faire sortir des projets, le géant mondial BlackRock vient prendre le contrôle de Renner Énergies. Il est prêt à investir plusieurs centaines de millions…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.