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Californie : une terre de résistance environnementale

Au lendemain du choc planétaire provoqué par la décision de Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le changement climatique, le gouverneur de Californie Jerry Brown se rendait en Chine vendredi 2 juin 2017 pour parler environnement et rassurer la communauté internationale. La Californie, sixième puissance économique mondiale fortement engagée dans les énergies vertes, serait en mesure selon lui de se substituer à l’Etat fédéral et de prendre le relais de l’administration américaine dans la lutte contre le réchauffement des températures.

La Californie fait de la résistance à la décision du Président

Si la nouvelle administration fédérale américaine semble peu concernée par les questions d’ordre climatique et environnemental, ce n’est pas le cas d’un certain nombre de municipalités et d’Etats outre-Atlantique qui comptent bien lutter à leur niveau pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le développement des énergies renouvelables. Plusieurs dizaines de communes, villes et Etats ont exprimé ces derniers jours leur désaccord avec la politique énergétique de Donald Trump, et annoncé leur intention de contraindre la production d’électricité issue des énergies fossiles à l’échelle locale.

Parmi elles, la Californie, tant par sa taille que par ses initiatives passées, semble être aujourd’hui la mieux placée pour reprendre le flambeau et combler le vide laissé par la Maison Blanche. Jerry Brown, gouverneur de l’Etat californien, a condamné, lors d’une visite en Chine, vendredi dernier, la décision de Donald Trump et réaffirmé sa volonté de poursuivre la politique environnementale ambitieuse entamée depuis plusieurs années dans son Etat. “Donald Trump a choisi la mauvaise voie. Il a tort sur les faits (…) Il a tort sur la réalité scientifique. La Californie résistera à cette décision erronée et insensée”, a déclaré l’homme politique de 79 ans, défenseur de longue date de l’environnement. “Trump a déserté, mais la Californie est sur le terrain, prête au combat”, a-t-il ajouté.

Lire aussi : Aux Etats-Unis, les villes et les Etats veulent continuer à lutter contre le changement climatique

Outre la détermination de son gouverneur, la Californie s’impose comme une terre de résistance environnementale en opposition totale avec les nouvelles orientations prises par le Président américain. Cet Etat de l’ouest, le plus peuplé des Etats-Unis avec près de 40 millions d’habitants, est considéré depuis plusieurs années comme un précurseur en matière de réglementations écologiques et climatiques et mène des politiques agressives pour le développement des énergies renouvelables. “La Californie a déjà un bilan remarquable de pionnier sur le changement climatique, en particulier sur les réglementations liées au changement climatique, et a l’objectif le plus ambitieux en matière de climat aux Etats-Unis”, explique à l’AFP Cara Horowitz, co-directrice de l’Institut Emmet sur le changement climatique et l’environnement à l’université UCLA.

Des émissions de gaz à effet de serre en forte baisse

Irrespirable au début des années 1970, le “Sunshine State” a considérablement réduit ses émissions de gaz à effet de serre au cours de la décennie écoulée. S’il présente encore une qualité de l’air parmi les pires des Etats-Unis, l’Etat s’est engagé à réduire ses émissions à leurs niveaux de 1990 d’ici 2020, et à 40% de moins que les niveaux de 1990 d’ici 2030. Des objectifs qui font partis des plus ambitieux à l’échelle du pays et pour lesquels les autorités locales n’ont pas rechigné sur les efforts à consentir. A partir du Clean air act (1970), première législation fédérale anti-pollution, la Californie a toujours poussé plus loin les normes d’émissions de CO2 et particules toxiques pour les voitures et l’essence, imitée par la suite par le reste de l’Amérique. “Pendant que l’Etat fédéral restait paralysé par les blocages du Congrès et les querelles partisanes, l’Etat du sud-ouest américain a pris les devants, d’abord avec le gouverneur Arnold Schwarzenegger puis avec (son successeur) Jerry Brown”, explique à l’AFP Tim Krantz, professeur d’écologie à l’université de Redlands.

La Californie a décrété par exemple ses propres normes d’émissions pour les véhicules, plus strictes que les normes fédérales et adoptées depuis par plus d’une douzaine d’autres Etats. L’agence de la qualité de l’air de Californie a en effet décidé en mars 2017, de maintenir l’exigence d’une consommation inférieure à 4,3 litres de carburant aux 100 km en 2025 pour les véhicules neufs, faisant fi de la volonté de Donald Trump de les assouplir. Ces nouvelles normes avait été négociées en 2011 entre l’ancien président Obama et les constructeurs automobiles, mais Donald Trump avait annoncé le 15 mars dernier à Détroit son intention de revenir sur cet accord dans le but de favoriser l’industrie automobile.

La Californie a également fait de la mobilité électrique une priorité de développement. Depuis le début des années 2000, le “Golden State” met en place des incitations financières pour stimuler les ventes de voitures “vertes”, tout en forçant les parkings à leur réserver des places de rechargement. Résultat, la Californie compte la moitié des véhicules électriques ou hybrides du pays. En fin de compte, les normes strictes environnementales apportent “à la Californie une avance technologique qu’elle peut vendre au reste du monde”, dans l’automobile, la construction, l’énergie, conclut M. Krantz.

Record de consommation d’énergies renouvelables en Californie

Un constat valable surtout dans le secteur des énergies renouvelables dans lequel la Californie excelle depuis de nombreuses années. Cet Etat très ensoleillé et fortement équipé en capacités de production solaire et éolienne, vient d’ailleurs de battre un nouveau record de consommation d’énergies vertes. Le 13 mai dernier, la Californie a consommé plus de 67% d’énergies d’origine renouvelable. Un record d’autant plus impressionnant qu’il n’a été établi qu’en comptabilisant la production des grands opérateurs de l’éolien et du solaire. En y ajoutant l’électricité d’origine hydraulique et la production des panneaux solaires des particuliers, la part des renouvelables a atteint ce même jour 80,7%.

Si une météo favorable est bien sûr en grande partie responsable de cette performance, la politique incitative du gouvernement local en faveur d’une filière solaire forte est elle aussi à mettre en valeur. La Californie fut l’un des premiers Etats américains à ouvrir la voie à la promotion de l’énergie solaire et peut produire dans les jours de grand soleil près de 40% de son électricité grâce aux panneaux photovoltaïques. Une performance qui n’est toutefois pas dénuée d’effets pervers pour les producteurs. Le succès croissant des énergies renouvelables dans la région et la forte production d’électricité solaire a en effet poussé les tarifs vers le négatif pendant quelques heures au mois de mars dernier.

Lire aussi : En Californie, l’énergie solaire est victime de son succès

De manière plus générale, 27% de l’énergie californienne provient aujourd’hui de sources renouvelables (contre 18% en France et 22% au niveau international), et l’Etat s’est fixé pour objectif d’atteindre une part de 33% d’ici 2020 et de 50% à l’horizon 2030, dans le cadre du nouveau plan climat “SB350”, adopté en septembre 2015.

Crédits photo : Bureau of Land Managment

Rédigé par : La Rédaction

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COMMENTAIRES

  • Une pression continuelle sur les prix à la baisse mettra à mal, sinon à la faillite, bien des producteurs, à moins que d’importantes subventions publiques ne viennent les renflouer au frais des contribuables.

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