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Amiens Energies : première Semop dédiée à l’énergie

La ville d’Amiens, très engagée dans le développement des énergies renouvelables sur son territoire, s’est lancée dans un projet inédit en France : la création de la première Semop consacrée au secteur de l’énergie baptisée Amiens Energies. Cette société mixte public-privé aura pour vocation de développer et gérer le nouveau réseau de chaleur de la ville. Un moyen de monter en compétences en lançant un partenariat énergétique privilégié avec des experts. En s’associant avec Engie-Cofely pour mener à bien ce projet ambitieux, la ville compte bien donner un grand coup d’accélérateur à sa stratégie énergétique, rajeunir son réseau et aussi réduire la facture d’énergie de ses habitants.

Amiens Energies : une société mixte d’énergie

Au départ de ce projet inédit, la ville d’Amiens fait un constat : son réseau de chaleur vieillissant manque de performance et a besoin d’être modernisé, d’intégrer une gestion plus optimisée pour faire diminuer les coûts, mais il nécessite aussi d’embarquer davantage d’énergies renouvelables afin d’être en adéquation avec le projet de transition énergétique de la ville. La ville choisit alors de ne pas déléguer ce projet de développement au secteur privé mais au contraire de mettre au point un partenariat qui lui permet de garder la main sur la gestion du projet. C’est là que l’idée d’une société mixte d’énergie voit le jour. Approchée par trois autres entreprises, la ville d’Amiens choisit finalement Engie-Cofely pour créer la Semop Amiens Energies. Une première en France où le cadre juridique de la Semop n’avait jamais été utilisé pour le secteur de l’énergie.

La Semop est une Société d’économie mixte à opération unique. A la différence d’un partenariat public-privé classique, elle vise à établir un contrat de partenariat limité dans le temps avec une mission clairement établie au départ. A la conclusion de la mission, l’entreprise est dissoute. Grâce à ce cadre légal, il est possible de constituer une co-entreprise entre plusieurs actionnaires, qu’ils soient publics ou privés. C’est cette souplesse qui a séduit la ville d’Amiens quand il a été question de refondre le réseau de chaleur de la ville.

Grâce au cadre légal de l’entreprise Amiens Energies, la ville joue un rôle actif dans la gestion du projet, et l’opérateur privé ne peut pas décider seul des axes de développement du nouveau réseau de chaleur. Et financièrement, le projet n’est pas assumé par la commune seule : Amiens est actionnaire à hauteur de 34%, Engie-Cofely détient 51% des parts, et la Caisse des Dépôts et la Caisse d’Epargne Picardie détiennent les 15% restants. Dotée d’un capital de 8 millions d’euros et opérationnelle depuis le 1 janvier 2017, la Semop Amiens Energies va également bénéficier d’aides au financement de la part de l’Ademe, du Fonds Chaleur et de divers fonds européens. Le contrat prévoit une durée de vie de 25 ans pour l’entreprise. Pendant cette période, elle devra concevoir, réaliser et exploiter le nouveau réseau de chaleur de la ville.

Une nouvelle donne énergétique

Outre l’innovation juridique, le projet Amiens Energie repose aussi et surtout sur une innovation technique importante : faire basculer un réseau entièrement alimenté par l’énergie fossile vers un mix énergétique plus propre capable d’embarquer 60% d’énergie renouvelable en seulement deux ans. A l’heure actuelle, l’intégralité du réseau de chaleur d’Amiens est alimenté par du gaz naturel, mais la ville souhaite se diversifier et utiliser les ressources des énergies renouvelables et des énergies recyclées afin de privilégie un approvisionnement local. Plus qu’une simple rénovation, le réseau va subir une mutation profonde. Et l’objectif d’Amiens Energie est ambitieux : être capable de fonctionner grâce à cinq sources d’énergies différentes (biogaz, chaleur de l’usine de méthanisation, géothermie sur nappes, biomasse et chaleur d’une station d’épuration) d’ici 2019. Si elle y parvient, Amiens serait la première ville française avec un mix énergétique aussi varié en matière d’énergies renouvelables.

En orange, le tracé du futur réseau de chaleur avec ses différents points d’alimentation.

C’est d’ailleurs dans le but de développer cette large palette énergétique qu’Amiens a choisi Engie-Cofely comme partenaire. L’entreprise était la seule à proposer un projet avec autant de sources énergétiques, capable de mettre aussi bien l’accent sur les énergies renouvelables et sur les énergies recyclables. Ce dernier argument a été particulièrement décisif puisque la ville dispose déjà de centres de production dans laquelle la chaleur est disponible mais non valorisée. Dans le détail, le projet du nouveau réseau d’Amiens Energie compte déployer trois sources d’énergie renouvelables (le biogaz, la géothermie et la biomasse) ainsi que sur deux sites de récupération de la chaleur. L’entreprise compte par exemple installer une pompe à chaleur sur la station d’épuration d’Ambonne. La pompe permettra de capter et valoriser l’énergie générée par les 8 millions de mètres cubes d’eau épurée qui sont traités chaque année. Autre projet de valorisation énergétique : utiliser l’énergie issue de la station de méthanisation de la ville. Le biogaz issu du processus de méthanisation dégage de la chaleur qui pourra là aussi être captée pour être ensuite utilisée dans le réseau de chaleur de la ville.

Vers un réseau de meilleure qualité

En l’état actuel du projet, Amiens Energies compte sur une mise en route du nouveau réseau de chaleur pour octobre 2019. Grâce aux investissements réalisés par la Semop, le futur réseau sera non seulement plus moderne mais aussi plus étendu, ce qui devrait permettre de raccorder de nombreux logements supplémentaires au réseau de la ville. Grâce à son approvisionnement local principalement issu des énergies renouvelables et récupérées, les habitants devraient en outre bénéficier d’un approvisionnement plus fiable, plus écologique et plus économique. Le recours à 60 d’énergies propres aura un impact significatif sur l’environnement : 28 000 tonnes de CO2 en moins chaque année selon les estimations d’Amiens Energies. De quoi respirer un meilleur air dans l’agglomération d’Amiens.

La station de traitement des eaux usées d’Ambonne sera l’un des point de production locale du réseau grâce à un système de récupération de la chaleur.

Les responsables du projet pensent également que cette augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du réseau devrait avoir un impact sur la facture des abonnés. Les énergies renouvelables sont issues d’une production locale et elles pèseront pour 60% dans le calcul de la facture, et dont le prix n’est donc pas dépendant des fluctuations des prix sur le marché mondial de l’énergie. Mais la Semop devrait aussi bénéficier indirectement aux habitants de la commune qui ne sont pas raccordés au réseau. Les retours financiers que la commune espère toucher avec l’exploitation du nouveau réseau seront réinvestis dans un projet de rénovation des habitats. Amiens s’en servira pour subventionner les particuliers qui souhaitent opérer la rénovation énergétique de leur logement.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • La création d’Amiens Energies est une initiative intéressante sur le plan juridique car elle se révèle être la première Semop dans le secteur de l’énergie. L’évolution de cette société est à observer et il faut espérer que d’autres villes aient la volonté de prendre le même engagement pour la proposition de mix énergétique.

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