Grâce à une puissance installée totale de 2.600 MW et une position géographique stratégique, la centrale de Cordemais joue un rôle important dans le maintien de l’équilibre du réseau électrique breton. Comme toutes centrales thermiques en activité sur le territoire français, elle doit toutefois s’adapter aux nouvelles normes européennes en matière d’émissions industrielles et répondre aux exigences de transition énergétique et de sauvegarde climatique. Pour cela, le groupe EDF a testé au mois de février un système de co-combustion ambitieux destiné à incorporer au charbon une proportion de biomasse pour améliorer ses performances énergétiques et environnementales.
Principale source d’électricité dans le pays de la Loire, la centrale de Cordemais a vu sa durée d’exploitation prolongée par d’importants travaux de rénovation sur ses unités de production au charbon. Un important programme de maintenance et de modernisation de plus de 350 millions d’euros est mis en œuvre depuis 2014 pour améliorer les performances techniques et environnementales de ces tranches.
Diminution des émissions de GES
Les deux tranches charbon de la centrale de Cordemais, d’une puissance de 600 MW chacune, sont équipées de systèmes de désulfuration (rétention de 90 % du dioxyde de soufre), de dénitrification (captation de 80 % du dioxyde d’azote) et de dépoussiéreurs (captation de 99,9 % des poussières contenues dans les fumées). De plus, un nouveau programme de recherche expérimental intégrant de la biomasse à la combustion du charbon a pris place au sein du réacteur numéro 4 de la centrale les 15 et 16 février derniers. Ces essais ont été l’occasion pour EDF de tester de façon industrielle la capacité de la centrale à brûler un autre combustible que le charbon.
La biomasse utilisée ici, obtenue par torréfaction à la vapeur de résidus de scieries, est compactée sous forme de granulés. Elle a été ajoutée au charbon alimentant la chaudière à hauteur de 20 %, et pendant plus de six heures, avec pour résultat une baisse de 17 % des émissions de gaz à effet de serre. Avantage non-négligeable, ce type de biomasse ne nécessite pas d’investissement supplémentaire, et peut être utilisé sans aucune modification de l’installation et de ses unités de production. Pour Denis Florenty, directeur de la centrale de Cordemais et responsable national du projet Biomasse pour EDF, ce programme de recherche est le symbole des nombreuses perspectives de développement possibles pour la filière thermique française. “Il a pour objectif d’identifier des opportunités de développement pour la centrale qui conjuguent bénéfices environnementaux, retombées en termes d’emplois locaux et rentabilité économique”, précise-t-il.
Transition énergétique
Ce programme devrait se poursuivre dans les mois à venir via l’expérimentation d’autres biomasses, comme les déchets verts et les plantes invasives, avec deux impératifs : trouver localement des matières organiques inexploitées et surtout “ne pas dégrader le prix du mégawattheure produit”, ajoute Denis Florenty.
Précisons enfin que cette expérimentation s’inscrit dans le cadre d’un programme de recherche international plus large sur la biomasse. Piloté par le Centre for Energy Advancement through Technological Innovation de Montréal, au Canada, ce programme vise notamment à financer des tests de co-combustion en grandeur réelle. Il offre de son côté au groupe français EDF une alternative supplémentaire pour répondre aux enjeux de transition énergétique et atteindre ses nouvelles ambitions en matière d’énergies renouvelables et de réduction des rejets de CO2.