Les sénateurs de la Commission des affaires économiques, qui se sont penchés sur le projet de loi sur la transition énergétique jusqu’au 17 juin dernier, ont adopté en nouvelle lecture deux amendements qui fixent un objectif de prix pour les émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Dans le cadre de la “Contribution Climat Énergie”, la commission a fixé la valeur-cible de la tonne de carbone à 56 euros d’ici 2020, et à 100 euros d’ici 2030. Si ces mesures sont adoptées par l’Assemblée nationale, elle n’aurait toutefois qu’un impact mesuré sur les producteurs d’électricité français.
L’instauration d’une telle tarification, qui mettrait fin à l’actuel prix trop faible pour être réellement dissuasif (environ 7 euros sur un marché européen du CO2 déréglé), fait écho aux revendications de plusieurs entreprises privées. Depuis plusieurs mois, de grands énergéticiens font en effet entendre leurs voix afin de réclamer une tarification claire et efficiente en termes d’émissions de CO2. L’objectif étant de réorienter les investissements dans des technologies bas carbone. Technologies dans lesquelles les énergéticiens hexagonaux, et plus spécifiquement les électriciens, sont en avance sur bon nombre de leurs voisins européens.
Grâce son un mix décarboné à 90%, le premier concerné, EDF, ne serait que peu impacté par une telle tarification du carbone. En revanche, dans l’hypothèse où la mesure proposée par les sénateurs français était généralisée à l’échelle européenne, elle constituerait une charge financière importante pour certains électriciens européens dont le parc de production est encore largement tributaire de matières fossiles polluantes (et notamment du charbon). Même l’Allemagne qui a pourtant largement entamé son tournant énergétique, dépend encore largement des énergies fossiles émettrices de CO2 pour produire son électricité.
Le cabinet londonien Carbon Market Data a publié, le 18 juin dernier, une étude centrée sur les émissions de CO2 des grandes entreprises européennes soumises au système d’échanges de quotas d’émissions. En raison d’un important parc de centrales à charbon, souvent vieilles et peu performantes sur le plan environnemental, les énergéticiens allemands RWE et E.ON occupent la première et la troisième place du classement des plus gros contributeurs.
“A elle seule, la centrale de Neurath que possède RWE près de la frontière hollandaise, a généré 32,4 millions de tonnes de dioxyde de carbone en 2014, soit plus de la moitié des émissions de l’ensemble des centrales thermiques d’EDF”, explique le Monde.
Toutefois, de manière générale, le facteur carbone des producteurs d’électricité européens a diminué de 7,6% en 2013, même si grandes disparités subsistent entre les différents groupes. Exploitant très majoritairement des sources à faible teneur en carbone (hydroélectricité, nucléaire, éolien, biomasse…), EDF peut se vanter d’être l’un des électriciens européens qui émet le moins de CO2 dans l’atmosphère : 17 grammes de dioxyde de carbone pour 1 kilowattheure produit en France (contre une moyenne européenne encore supérieure à 300 grammes par kWh).
Crédit photo : Philippe Alès