Alors qu’un récent rapport de l’Organisation des Nations Unies (ONU) invite vivement toute la planète à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et qu’un accord a été conclu pour maintenir le réchauffement climatique à moins de 2°C au-delà de la température moyenne de l’époque pré-industrielle, l’Australie, responsable de 1,5% des émissions mondiales de gaz à effets de serre, fait fi de ces préconisations et émet de plus en plus de CO2 dans l’atmosphère.
14 millions de tonnes de CO2 supplémentaires en un an
Dans son rapport publié le 2 novembre, l’ONU a fait savoir qu’il était financièrement possible pour tous les états de s’engager dans une transition énergétique et que les émissions de gaz à effet de serre devraient être réduites à zéro d’ici à 2100 pour éviter toute catastrophe. Mais d’après le Premier ministre australien, “le charbon, c’est bon pour l’humanité.”
L’Australie n’a donc pas le projet de diminuer sa production de charbon. 14 millions de tonnes de CO2 supplémentaires devraient ainsi être émises en 2014-1015. Selon l’indice australien CEDEX (Carbon Emissions Index), les émissions de CO2 ont déjà augmenté de plus de 4% en octobre par rapport à juin 2014, soit 500.000 tonnes supplémentaires.
Un pays dépendant du charbon à plus de 80%
Si ce pays continent émet autant de gaz à effet de serre, c’est que les énergies fossiles, comme le charbon, jouent un rôle prépondérant dans son économie qui contrairement à la France n’est alimentée par aucune énergie d’origine nucléaire. Les mixs énergétique et électrique du pays le plus peuplé d’Océanie sont en effet tous les deux dominés à plus de 80% par les énergies fossiles.
D’après les données du gouvernement australien illustrées par le géant de l’électricité australien Origin, 88% de l’énergie consommée en Australie en 2012 provenait des énergies fossiles. Le charbon, à lui tout seul, a permis de produire 74% de l’énergie consommée en Australie en 2012. Et selon l’Observ’ER, 89,5 % des 238,5 TWh d’électricité produits en Australie en 2011 ont été produits par les énergies fossiles.
Alors que l’Australie s’est fixé l’objectif de réduire de 5% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020 par rapport aux niveaux de l’an 2000, le pays semble actuellement faire un bon de plusieurs années en arrière en terme de politique énergétique.
Où la taxe carbone n’a pas fait long feu
L’Australie est devenu le premier pays développé à se défaire de sa taxe carbone. Le gouvernement du Premier ministre conservateur Tony Abbott a en effet aboli en juin dernier la taxe carbone mise en place par le précédent gouvernement de la travailliste Julia Gillard en 2012 et qui faisait payer aux pollueurs une amende de 23 dollars australiens (environ 16 euros) par tonne de CO2 rejetée.
L’effet de cette abolition sur les émissions de gaz à effet de serre a été immédiat étant donné qu’elle a directement été suivie d’une hausse de la production d’énergie issue de la transformation du charbon.
En contrepartie, Tony Abbott a doté l’Australie d’un “Plan d’action directe”. Acceptée par le Sénat australien le 31 octobre 2014, cette loi sera votée ce mois-ci par la Chambre des Représentants (à majorité conservative) et devrait permettre de débloquer 2,55 milliards de dollars australiens (environ 1,77 milliard d’euros) pour récompenser les gros pollueurs qui réduisent leurs émissions de CO2.
L’Australie n’est cependant pas le seul pays à fonctionner lourdement aux énergies fossiles. A l’heure actuelle, le charbon reste en effet l’une des premières sources d’énergie mondiale, et 40% de l’électricité produite à l’échelle planétaire est issue de la combustion du charbon.
Crédits photo : Greenpeace – Hamilton
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