Pakistan : les barrages mis en cause dans les inondations - L'EnerGeek

Pakistan : les barrages mis en cause dans les inondations

inondation_Pakistan_2010Une fois de plus, le Pakistan connaît actuellement de terribles inondations provenant des territoires himalayens et affectant en période de mousson plusieurs millions de personnes dans la région du Cachemire et les provinces alentours. Des catastrophes si récurrentes dans certaines régions du pays que les habitants excédés n’hésitent plus à remettre en cause l’inefficacité des barrages hydroélectriques disséminés un peu partout sur le territoire et relativement anciens pour certains.

Le Pakistan possède en effet une capacité de production hydroélectrique considérable avec plus de 150 barrages répartis dans le pays dont le plus grand barrage rempli de terre au monde situé à Tarbela, juste au nord de la capitale Islamabad. Une capacité qui représente aujourd’hui plus de 30 % du mix électrique dans un pays en déficit énergétique permanent et où les coupures sont quotidiennes.

Mais si ces barrages apparaissent aujourd’hui indispensables en terme de production d’électricité, il serait également pour certains en partie responsables des graves montées des eaux qui frappent régulièrement le pays et dont les conséquences humaines, agricoles et économiques sont catastrophiques.

Pour l’économiste Kaisar Bengali, “les barrages ne permettent pas d’éviter les inondations: au contraire ils les provoquent“. “Les barrages ne font pas que bloquer l’eau, ils bloquent aussi la vase, ce qui relève le niveau du lit de la rivière”, explique-t-il. “En 2010, le surplus d’eau était moins important qu’en 1976 et pourtant il a provoqué de plus grandes inondations car le niveau de la rivière est monté plus haut”.

Un phénomène également observé par Mushtaq Gaadi, spécialiste de l’eau et professeur à l’Université Quaid-e-Azam d’Islamabad, qui souligne de son côté que de nombreux barrages ont perdu de leur efficacité en raison de l’accumulation des sédiments. Une accumulation qui réduit logiquement le débit, favorise les dépôts et donc la montée de eaux.

Or nettoyer et curer les barrages représente un investissement considérable pour l’Etat qui faute de temps et de moyen se voit parfois dans l’obligation de détruire des digues afin d’éviter l’inondation d’une zone urbaine. Ce fut notamment le cas cette année aux abords de la ville de Jhang menacée de destruction par la montée des eaux.

D’autres mettent en cause également la déforestation engendrée par la construction des barrages favorisant les inondations ainsi que la gestion irresponsable de certains des exploitants qui se refusent à libérer les eaux stockées dans les barrages afin de produire plus, alors qu’un délestage plus régulier des eaux permettrait de mieux réguler les inondations.

Cela étant, et malgré son impuissance à contenir les inondations, le gouvernement pakistanais continue de privilégier la production hydraulique d’électricité. Deux nouveaux barrages sont actuellement en cours de construction pour un coût de 11 milliards d’euros.

Rédigé par : La Rédaction

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