La ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie aurait laissé entendre le mardi 16 septembre dernier qu’un consensus était désormais envisageable entre son ministère et le ministère de la Défense concernant une cohabitation entre l’armée et l’industrie éolienne. Une cohabitation jusqu’ici rendue bien difficile par les interférences provoquées par les éoliennes sur les radars militaires et l’opposition de l’armée à tout projet à proximité de ses espaces aériens. Des contraintes qui d’un autre côté pèsent lourdement sur les perspectives de développement de la filière éolienne en France.
L’armée serait donc prête, selon Ségolène Royal ,à revoir sa position en la matière et à étudier au cas par cas les projets d’installations de production éolienne sur les zones stratégiques réservées à l’armée de l’air pour des raisons de sécurité intérieure ou de formation aux vols tactiques et à très basse altitude. D’après les propos de la ministre recueillis par l’AFP, “le ministre de la Défense s’est personnellement engagé à ce qu’il n’y ait pas d’interdiction globale mais une évaluation projet par projet, domaine par domaine et lieu par lieu”.
Une bonne nouvelle pour Damien Mathon, délégué général du Syndicat des énergies renouvelables, qui se félicite que ces négociations aient débouché “sur un examen objectif de l’impact des éoliennes et non sur une doctrine rigoriste qui, par une espèce de principe de précaution, interdirait a priori les éoliennes sur de larges zones de territoire”.
Principe de précaution qui selon la réglementation en vigueur interdisait jusqu’à présent l’installation d’éoliennes dans un rayon de 30 km autour d’un radar militaire et imposait l’autorisation préalable de l’armée. Un obstacle considérable pour l’ensemble des acteurs de la filière éolienne française qui ont vu ces dernières années plusieurs milliers de mégawattheures de projets bloqués par le ministère de la Défense.
Un potentiel de production inaccessible comprenant les zones trop proches des radars militaires et météorologiques et évalué aujourd’hui à plus de 8500 MW (dont des projets en attente), soit plus que le parc français actuel qui affiche 8000 MW. Les négociations entamées cet été constituent donc un réel espoir pour une meilleure cohabitation et le déblocage à court terme de nombreux projets de parcs éoliens.
Un déblocage qui pourrait être d’autant plus facilité par l’émergence de nouvelles technologies de turbines antiradars. De nombreux industriels tentent en effet de développer des nouvelles technologies de revêtements et de turbines minimisant les perturbations. Dans ce cadre, l’énergéticien français EDF EN prévoit la mise en place au printemps 2015 des premières éoliennes furtives dans le plus grand parc éolien de France, l’Ensemble Eolien Catalan. Conçues par le danois Vestas, les pales de ces turbines disposent d’un revêtement spécifiques les rendant indétectables.
Crédits photo : Christine Veeschkens