Où en est la filière industrielle de l'énergie thermique des mers ? - L'EnerGeek

Où en est la filière industrielle de l’énergie thermique des mers ?

centrale_ETM_DCNS_martiniqueAlors que la Commission européenne vient d’attribuer dans le cadre d’un programme de développement des énergies renouvelables, une subvention de près de 72 millions d’euros au projet  NEMO, premier projet de centrale ETM prévu en Martinique, DCNS et Akuo Energy, les deux entreprises françaises à l’origine de ce projet misent déjà sur un développement de cette technologie à plus long terme. En effet, l’énergie thermique des mers (ETM) apparaît désormais comme une source d’énergie d’avenir dans les zones tropicales du monde entier et le constructeur français DCNS se dit prêt pour le développement d’une véritable filière industrielle de cette technologie.

[stextbox id=”info”]Une production d’énergie renouvelable stable et permanente[/stextbox]

L’énergie thermique des mers (ETM) est une énergie renouvelable qui exploite la différence de température des eaux de surfaces et des eaux de profondeur en zone tropicale pour produire de l’électricité. Ce différentiel de température compris entre 25 degrés pour les eaux de surfaces chauffées par le soleil et autour de 5 degrés pour les eaux à plus de 1000 mètres de profondeur, agit alors sur une machine thermique contenant de l’ammoniaque et dont l’évaporation active une turbine produisant de l’électricité.

Utilisant ainsi la chaleur naturelle de l’eau pour produire de l’électricité, cette technologie permet donc une production en continue. Comme le souligne Jean Ballandras, responsable d’Akuo Energy, “c’est une énergie idéale pour les îles tropicales comme La Martinique ou La Réunion car c’est une énergie qui n’est pas intermittente. Contrairement au solaire ou à l’éolien, l’électricité produite grâce à l’énergie thermique des mers le sera en permanence”. En effet, la production d’énergie est stable dans le temps et peut fonctionner 24 heures sur 24 sans aucune interruption ce qui en fait une énergie de base possible en remplacement des énergies fossiles très utilisées dans les régions insulaires.

D’autre part, cette technologie ne provoque aucune nuisance sonore, olfactive ou visuelle et est donc inoffensive pour les espèces animales à proximité. Une centrale ETM produirait 100 fois moins de CO2 qu’une centrale thermique classique et se caractérise donc par un très faible impact environnemental.

Toutefois, une centrale ETM consomme beaucoup d’énergie pour assurer son bon fonctionnement et notamment pour le pompage de l’eau froide des profondeurs qui demande de 15 à 25 % de l’énergie produite. Mais elle présente en contrepartie d’autres avantages comme la mise en place de co-productions. En effet , elle permettrait en plus de produire de l’électricité, de dessaliniser l’eau de mer ou à fournir une source d’eau froide pour la climatisation de bâtiments.

[stextbox id=”info”]Vers un développement en série des centrales ETM[/stextbox]

Perçues ainsi comme une alternative des plus sérieuses aux énergies fossiles encore massivement utilisées sur les sites isolés non connectés aux réseaux électriques continentaux, les centrales ETM pourraient répondre de manière efficace aux besoins croissants des territoires situés dans les tropiques et garantir une partie de leur autonomie énergétique.

Des perspectives de développement qui n’ont pas échappé au constructeur naval français DCNS qui travaille sur cette technologie depuis 2008 et qui a déjà construit un premier prototype à terre sur l’île de La Réunion. Reproduction à l’échelle réduite du système de production d’énergie de la future centrale prévue en Martinique, ce prototype était avant tout un outil de recherche et développement dans le but de tester différents éléments clés du système de production d’énergie comme les échangeurs de chaleur ou les cycles thermodynamiques. Il aura permis également d’optimiser les enjeux technologiques et financiers liés à l’ETM.

Comme le précise alors Emmanuel Brochard, directeur ETM chez DCNS, “les éléments clés du dispositif ont été testés avec succès. Nous devrions conclure nos premiers contrats commerciaux dans les trois ans, avec un prix de l’électricité visé entre 250 et 300 euros du MWh (mégawatt-heure) pendant 25 ans, avec un électricien ou un investisseur dans les énergies renouvelables”. Une volonté de développement qui passera d’abord par le succès de la nouvelle centrale située à sept kilomètres au large de Bellefontaine en Martinique et qui devrait voir le jour d’ici quatre ans. Mais avec près de 72 millions d’euros de subventions européennes, les dirigeants de DCNS et de son partenaires Akuo Energy ne sont pas inquiets. La capacité de production d’électricité visée pour la première centrale sera de 6 MW.

Fort cette première expérience et de ces nouvelles compétences technologiques, les chantiers navals qui tentent de diversifier leurs activités dans les énergies durables, ont désormais mis en place une nouvelle division de production “Energie et infrastructures marines” et devraient bientôt être en mesure de produire des centrales ETM en série. En effet, le constructeur naval dispose d’un portefeuille de clients potentiels : des études de faisabilité ont été menées ou le seront, dans les territoires ultramarins et à l’export. C’est le cas des îles Vierges (USA) par exemple, Tahiti ou même la Réunion.

Dans ce cadre et au regard des perspectives qu’offre la technologie ETM à l’industrie française,  Ségolène Royal, la ministre de l’Ecologie, George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer et Frédéric Cuvillier, ministre délégué à la mer ont signé un communiqué commun le mercredi 9 juillet dernier pour saluer “ce premier pas vers la construction en Martinique d’une filière d’excellence française, dont les perspectives commerciales internationales sont prometteuses”.

Crédits photo : DCNS

Rédigé par : La Rédaction

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