Premier vol de l'E-fan pour un avant-goût d'une aviation tout électrique - L'EnerGeek

Premier vol de l’E-fan pour un avant-goût d’une aviation tout électrique

E-FanL’E-fan a réalisé ce vendredi 25 avril son premier vol public sous les yeux du Ministre de l’économie M. Arnaud Montebourg. Avec ce premier succès, l’avion électrique du groupe Airbus s’assure un avenir prometteur et ouvre la voie à une possible électrification généralisée des transports aériens.

 

L’E-fan, le premier avion français tout électrique

C’est de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac qu’a décollé ce vendredi 25 avril l’E-fan, premier modèle d’avion entièrement électrique développé par Airbus. Intégré dans  les 34 plans de la Nouvelle France Industrielle, soutenus par le Ministre de l’économie, du redressement productif et du Numérique, Arnaud Montebourg, qui était d’ailleurs présent pour assister à cette performance,  l’E-fan fonctionne uniquement à l’énergie électrique et est entièrement fabriqué en matériaux composites.

Ce biplace de 6,7 m de long pour une envergure de 9,5 m, est composé d’un fuselage en  fibre de carbone et de deux moteurs de 60 kW chacun et alimentés par des batteries au lithium-ion polymère de 250 volts placées à la base de chaque aile. Il pèse près de 550 kilos et peut atteindre une vitesse maximale de 220 km/h (160 km/h en vitesse de croisière).

Si ce prototype est totalement indépendant des énergies fossiles, la faible capacité de stockage des batteries ne permet pas encore d’accéder à des niveaux d’autonomie exceptionnels. En effet,  avec  une durée de vol proposée de 1h30 maximum, l’E-Fan est encore loin des quatre heures, caractéristiques des avions de tourisme traditionnels. Comme le précise le groupe Airbus, “l’E-Fan est particulièrement adapté aux missions courtes, de 45 minutes à une heure, comme la formation des pilotes débutants, le remorquage des planeurs et la voltige”.

Et c’est bien ce marché qui est visé en priorité par le constructeur aérien français qui entend dépasser le stade expérimental et commercialiser l’E-fan dans les plus brefs délais. Jean Botti, Directeur général délégué Technologie & Innovation (CTO) d’Airbus Group, avait déjà évoqué les objectifs de développement de l’E-fan lors du salon du Bourget de 2013, et annoncé la production en série de plusieurs centaines d’avions, à destination notamment des écoles d’aviation qui pourraient profiter des nombreux avantages d’un appareil silencieux. Le bruit des avions est en effet une source de conflits récurrents avec les riverains de ces centres de formation au pilotage. L’E-fan devrait donc entrer en phase de production d’ici fin 2017 dans une future usine d’assemblage prévue à Mérignac, et impliquera à court terme la création de 350 emplois indirects locaux.

Toutefois et au-delà de ces possibilités prometteuses de commercialisation, les progrès technologiques que concrétise l’E-fan, constituent avant tout les premiers pas vers un processus d’électrification des avions de plus grande envergure. EADS ne s’en est d’ailleurs jamais caché puisque son projet e-concept, présentée lors du salon du Bourget, prévoyait déjà un avion tout électrique de moyenne capacité pouvant transporter  jusqu’à 100 personnes.

Vers des avions de ligne 100 % électriques

Comme l’a déclaré le Ministre M. Arnaud Montebourg, « la mobilisation publique et privée pour le lancement de l’e-Fan permet dès aujourd’hui de créer des emplois, mais elle laisse surtout augurer que la France sera à la pointe de la déferlante technologique mondiale dans vingt ans, quand les avions seront tous hybrides ou électriques ».

Et en effet, si l’E-Fan est aujourd’hui un simple biplace n’autorisant pas le transport de passagers,  les ambitions du groupe EADS semblent quant à elles sans limite et prévoient pour l’horizon 2050 la mise en service d’un appareil régional hybride qui disposerait notamment d’une meilleure autonomie. “L’e-thrust” fonctionnerait dans un premier temps sur le binôme kérosène/électricité et pourrait accueillir plusieurs dizaines de passagers à son bord. Un premier avion de ligne hybride laissant présager d’une évolution vers le tout électrique, une évolution possible mais qui constitue un véritable défi technologique pour les années qui viennent.

C’est bel et bien un pari risqué au regard des difficultés encore et toujours rencontrées dans le stockage de l’énergie, mais les industriels et chercheurs y croient et estiment qu’un avion à propulsion électrique est effectivement envisageable d’ici les deux ou trois prochaines décennies.

Les ingénieurs de l’Onera, le centre français de recherche aérospatiale, ont d’ailleurs validés récemment cette hypothèse, même si ils restent prudents : « En l’état actuel de nos connaissances, la propulsion électrique ne pourra pas atteindre avant plusieurs décennies des performances aussi élevées que la propulsion actuelle. Il faut imaginer des concepts et des technologies de rupture », précise Antoine Guigon, directeur du département prospective aérospatiale de l’Onera.

Ainsi, le problème semble complexe et nécessite de repenser en profondeur les bases de l’aéronautique. Cette évolution ne pourra se faire par la simple volonté d’électrifier un appareil déjà existant et fonctionnant au kérosène. Le système dans son ensemble est à revoir. Sur la base d’un modèle d’avion d’affaires personnel, capable de transporter quatre personnes sur 600 kilomètres en moins de deux heures, les recherches de l’Onera ont tenté de mettre en évidence les innovations technologiques qu’un tel avion représenterait, qu’il s’agisse de la forme de l’appareil, de la propulsion, de l’énergie, ou de l’aérodynamisme.

Dans ce projet, l’électricité serait fournie par des batteries, mais surtout produite à bord par une pile à combustible ce qui impose toutefois le stockage de plusieurs kilogrammes d’hydrogène à une pression élevée ou sous forme liquide, et nécessite donc une très basse température.

Crédits photo : Airbus Group

Rédigé par : La Rédaction

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