2 ans et 9 mois plus tard : la situation à Fukushima - L'EnerGeek

2 ans et 9 mois plus tard : la situation à Fukushima

07ftfukushima_japon_photo_IAEA ImagebankLe 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 provoque la formation d’une immense vague de 15 mètres de haut qui endommage l’alimentation électrique de la centrale nucléaire de Fukushima. L’absence d’un système de refroidissement induit des fusions partielles des cœurs de trois réacteurs à eau bouillante et d’importants rejets radioactifs.

2 ans et 9 mois plus tard, ce sont 4.000 personnes qui s’activent chaque jour pour nettoyer, décontaminer et démanteler des installations atomiques ravagées. Tepco, l’exploitant de la centrale, avoue même manquer de bras. Alors que le déchargement des barres d’uranium a débuté au cours du mois de novembre dernier, et semble se passer sans incidents, petit état des lieux sur les opérations en cours à Fukushima.

[stextbox id=”info”]Deux réacteurs pour jouer les apprentis-chercheurs[/stextbox]

Alors que les réacteurs 1 à 4 ont subi d’importants dommages lors du tsunami de mars 2011, les unités 5 et 6 ont été relativement épargnés. Alors que le doute sur leurs avenirs subsistait, Tepco a officialisé mercredi 18 décembre le démantèlement de ces deux derniers réacteurs. Sans fournir cependant de calendrier précis. Tepco a cependant indiqué qu’ils ne seraient pour autant pas abandonnés : l’opérateur de la centrale de Fukushima compte en effet les convertir en unités de recherche et développement, afin de mette au point et tester les techniques d’extraction qui serviront pour retirer le combustible fondu des tranches 1 à 3.

Avec le site de Fukushima, le Japon fait face à des défis auquel aucun pays n’a jamais été confronté. L’état du combustible des cœurs fondus des unités 1 à 3 reste pour l’instant un mystère et leur retrait se fera avec des technologies qui ne sont pas encore mises au point. En plus de ses propres ingénieurs, Tepco compte sur ses partenaires locaux (Hitachi, Toshiba, Mitsubishi Heavy Industries…) et sur une aide internationale pour rassembler les savoir-faire et les connaissances utiles aux opérations de démantèlement et de décontamination.

L’Institut International de Recherche pour le Démantèlement Nucléaire (Irid) a d’ailleurs été créé à cet effet et devait lancer d’ici la fin de l’année un appel à idées sur les technologies d’inspection pour les cuves des réacteurs, des endroits où personne ne peut se rendre en raison d’une radioactivité élevée.

[stextbox id=”info”]Décontaminer n’est pas jouer[/stextbox]

La décontamination d’une zone nucléaire sinistrée est une opération dont le coût est chiffré à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Une somme importante, trop importante parfois, ce qui explique pourquoi l’Ukraine ou la Biélorussie n’ont jamais été en mesure de mettre en place ce genre d’opérations après la catastrophe de Tchernobyl. Malgré les efforts déployés par le Ministère de l’Environnement, qui finance ce nettoyage que Tepco ne peut assurer, la zone d’exclusion autour de la centrale sinistrée est toujours constituée de villes fantômes.

Si un “lavage à grandes eaux” permet, dans la plupart des cas, de nettoyer la majorité des particules radioactives, l’opération s’avère plus délicate en campagne. Une fois les bâtiments nettoyés, il faut s’attaquer à une tâche bien plus compliquée : le nettoyage de la terre et de la végétation des sols agricoles. Retenu par l’argile, le césium (un élément chimique radioactif) reste piégé dans les premiers 10 centimètres du sol, nécessitant l’emploi de tracteurs et de pelleteuses. Moyennement efficace, cette opération permet de réduire la radioactivité de 25 à 50%.

Mais la décontamination des sols n’empêche pas de régler le problème du stockage des déchets radioactifs, défi majeur auquel doit faire face la Japon, comme le rappelle Jean-Christophe Gariel, directeur de l’environnement à l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) : “quand on décontamine un territoire, on ne se débarrasse pas de la radioactivité, on ne fait que la déplacer ailleurs”.

[stextbox id=”info”]L’eau radioactive : casse tête japonais ?[/stextbox]

Tepco a consacré la majeure partie de l’année 2013 à tenter de régler le problème des fuites d’eau radioactives. Chaque jour, Tepco doit en effet décontaminer et stocker dans des réservoirs, les quelques 400 tonnes d’eau utilisées pour refroidir le cœur des réacteurs qui ont fondu après la catastrophe. Le problème est que l’exploitant, critiqué pour son incompétence, n’arrive toujours pas à identifier d’où proviennent les fuites d’eau contaminée qui s’écoulent dans l’océan Pacifique.

En plus de la perméabilité douteuse des 1.000 réservoirs installés pour stocker cette eau (300.000 m3 d’eau sont actuellement entreposés sur le site et Tepco envisage de doubler cette capacité d’ici 2015), Tepco doit également apprendre à faire fonctionner correctement le système de filtrage Alps. Développé par Toshiba, ce dispositif doit permettre de débarrasser l’eau de la majeure partie des contaminants radioactifs (62 radionucléides, seul le tritium subsiste).

“La discussion avec le gouvernement et les pêcheurs pour rejeter de l’eau ne contenant plus que du tritium commencera dans deux à trois ans”, a déclaré Keiichi Yoshida, un responsable du planning chez Tepco. Tepco n’est donc pas encore au bout de ses peines avec cette eau impropre.

Alors que les travaux de démantèlement de la centrale nucléaire de Fukushima devraient durer de 30 à 40 années et que le précédent gouvernement avait décidé d’abandonner l’énergie nucléaire, le Japon considère toujours le nucléaire comme une source d’énergie “importante et fondamentale”. L’archipel cherche a réduire ses importations de matières fossiles, qui ont fortement augmenté depuis l’arrêt du parc nucléaire et qui impactent l’économie du pays. 

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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