Avec 679 pannes de courant recensées entre 2003 et 2012, la qualité du réseau électrique de la première puissance mondiale fait pâle figure par rapport aux réseaux européens. Son ouverture à la concurrence et, surtout, la fréquence des catastrophes naturelles impactent de plus en plus sur la qualité et les performances d’un réseau vieillissant. Un récent rapport, publié par le Groupe des conseillers économiques de la Maison-Blanche et du département Energie, s’intéresse aux coûts engendrés par ces coupures. Et appelle le gouvernement à investir pour la modernisation de ses infrastructures énergétiques.
[stextbox id=”info”]Quels dégâts, quels coûts?[/stextbox]
Le rapport de la Maison Blanche estime que le coût annuel moyen de ces récurrentes pannes de courant se chiffre entre 18 et 33 milliards de dollars. Une facture forcement tributaire de l’inflation, mais que les analystes indiquent comme plus importante les années de tempêtes et autres catastrophes naturelles : en 2008, année de l’ouragan Ike, le coût estimé se situe entre 40 et 75 milliards de dollars; en 2012, année de la tempête Sandy, il est estimé entre 27 et 52 milliards.
De tels coûts ne se limitent pas aux seules dépenses liées à la réparation des lignes électriques et des infrastructures endommagées. Un blackout peut aller jusqu’à paralyser toute une ville (fermeture des écoles et des magasins, immobilité des transports en communs, arrêts du service des urgences…) et ses conséquences pèsent sur des milliers, voire des millions, d’américains. Les dégâts économiques sont donc également à amputer à la baisse ou au retard des chaînes de production, au gaspillage de denrées périssables, à la destruction de stocks de produits où, encore, à la baisse des salaires.
[stextbox id=”info”]Un réseau vieillissant en proie au changement climatique…[/stextbox]
La construction du réseau électrique américain a débuté dans les années 1880 et se poursuit encore de nos jours. Les 724.204 kilomètres de lignes haute tension acheminent l’électricité des 5.800 centrales principales à près de 144 millions d’utilisateurs. Toutefois, le rapport Campbell de 2012 déplore le caractère vieillissant des infrastructures énergétiques américaines : 70% des lignes ont plus de 25 ans et les centrales ont en moyenns 30 années d’existence.
Le rapport de Washington met d’ailleurs en lien l’âge des infrastructures avec leur faible résistance aux conditions météorologiques et aux catastrophes naturelles à répétition. La réponse des opérateurs lors de ces interruptions électriques n’est pas rendu facile par une technologie, parfois caduque ou tout simplement absente. Tempêtes, blizzards, ouragans : depuis 2002, ils sont responsables de 58% des blackouts américains dont 87% ont affectés plus de 50.000 utilisateurs.
[stextbox id=”info”]… mais en voie de modernisation[/stextbox]
L’amélioration du réseau et de sa résistance est donc la condition sine qua none pour que le gouvernement américain limite l’impact de ces pannes de courant sur son budget. Si le gouvernement fédéral a déjà contribué à quelques avancées et que l’administration Obama a mis en place un plan d’action (le “Climate Action Plancalls”), le rapport met en lumière des stratégies qui permettraient de prévenir plus efficacement les défaillances du réseau électrique.
Si le rapport propose de renforcer les infrastructures pour améliorer leur résistance au vent et aux inondations, il est aussi et surtout question de sa modernisation. Car les Etats-Unis pèchent par un manque de flexibilité et de contrôle. Ainsi, l’amélioration de la souplesse du système, une meilleure anticipation des risques et des dégâts potentiels ainsi que l’implantation de technologies d’alertes modernes amèneraient sans aucun doute à une meilleure préparation et, de fait, une meilleure protection.
Ce mois d’août marquait le dixième anniversaire de la plus grande catastrophe énergétique de l’histoire du continent américain, une panne qui a touchée 10 millions d’américains dans l’Ohio, le Michigan, la Pennsylvanie, New York, le Vermont, le Massachusetts, le Connecticut et le New Jersey le 14 août 2003. Une date symbolique pour faire un point sur les coûts et les besoins du réseau électrique des USA. Les conseillers économiques de la Maison-Blanche, pour qui le changement climatique est une évidence, préconisent la recherche d’économie par le biais d’investissements en technologies du 21ème siècle pour moderniser et rendre plus résistant un réseau qui, sinon, continuera à coûter cher.